vendredi 6 février 2009

Route 66 - Highway to hell

Pour quitter le Cambodge et gagner le Laos, nous avons 2 alternatives:

1- Redescendre au Sud-Est pour ensuite remonter plein Nord sur plus de 800 km de routes bien asphaltées.
2- Traverser la province du Preah Vihear sur des routes que personne ne connaît réellement.

L'option 1 est généralement celle choisie par tous cyclistes sains d'esprit. L'option 2 est celle que nous envisageons. Notre manuel du Cambodge est spécialisé dans les circuits hors pistes de motocross. En parlant de la direction que nous pensons prendre, il nous met en garde: préparez-vous aux pires conditions routières et ce sera l'aventure de votre vie. ''Adventure trip of your life'' selon notre guide. 4 mots sur lesquels nous basons notre décision de s'y rendre. Si ça passe en motocross, ça passe en vélo nous pensons! Le Preah Vihear est au Cambodge ce que le Yukon est au Canada. Certes, il y a des routes, mais peu de gens les connaissent bien. Dans ces lieux, la nature est maître. Toute infrastructure humaine se fait littéralement avaler et détruire par l'eau, la végétation et le sable. Nos vélos pleins à craquer de nourriture, nous quittons Siem Riep avec des papillons au ventre. Ce qui nous attend pour les prochains jours ne sera certainement pas de tout repos.

Étape 1 - Nuit au temple

Au petit marché à 40km de Siem Riep, je vérifie les coordonnées GPS... c'est bien ici! Nous tournons à gauche dans cette ruelle de village qui semble mener nul part. La ruelle se transforme en une petite route de poussière rouge qui est plutôt bonne. Nous sommes confiants! Toujours selon notre manuel, un ami du premier ministre qui habite le coin s'est chargé personnellement de rénover la route. En échange, il réclame 5$ à tout étranger qui passe devant la barrière qui coupe le chemin après 30 km. Cet argent étant destiné à organiser la corruption du pays, on nous conseil d'éviter d'encourager ce genre d'action. Nous fonçons donc à toute allure en contournant la barrière. Le gardien, trop occupé à faire le ménage de ses narines n'y voit que du feu!



Le soir nous marchons dans la forêt pour y découvrir des ruines qui datent de plus de 1000 ans. Le site étant peu visité par les touristes, nous étions pratiquement seul dans les parages! Nous dormons chez les moines où nous sommes toujours bien reçu. Dehors, une partie de volleyball de plage s'organise. La rapidité des Cambodgiens VS la grandeur du Canadien!


Étape 2 - Fin de la route

La belle route de terre se poursuit sur 40km nous laissant croire que nous attendrons le Laos dans 4 jours. Après, plus rien... Ce qu'il y a devant nous c'est un sentier peu invitant. Le bûcheron du coin nous l'indique: c'est bien la ''route'' pour traverser le Preah Vihear... le highway 66. Je dois ici vous expliquer ce que veulent dire les auteurs de nos cartes lorsqu'ils parlent de Highway. Le mot ''highway'' fait référence à la longueur de la route. Rien ne devrait laisser entendre que la route est bonne. Nous nous lançons donc dans ce sentier large de 1 mètre qui ne pourrait même pas servir de piste de ski de fond tellement il est ravagée. Le fond en sable blanc, très mou, nous oblige à descendre de nos vélos et pousser les 100 kg que nous transportons. 40km: C'est ce que nous devons parcourir pour arriver à un endroit habité. Sur le sentier, il n'y a que de la forêt. Aucune maison, aucune rivière pour boire. Après 20 km nous sommes épuisés, assoiffés et nos réserves d'eau sont presque épuisées. Découragés par les circonstances, nous montons le camp, prenant l'eau d'un trou de vase recouvert d'une pellicule douteuse verte fluo. Notre filtre étant brisé, je dois filtrer les algues en utilisant mes chaussettes qui ne sont pas tellement propres non plus. 10 minutes à 100 degré et un paquet d'épices dans l'eau nous fera oublier l'origine du liquide. Jusqu'à maintenant, notre moral tient toujours, mais nous appréhendons la suite. A 6 km/h, combien de temps prendrons les 200 km qu'il nous reste à franchir? Le calcul nous fait peur. Nous tentons de dormir, mais le sommeil ne vient pas... les bruits de la forêt nous garde en alerte toute la nuit. Je n'avais jamais dormi dans un endroit aussi éloigné de toute civilisation.



Étape 3 - Une nuit d'horreurs

La nuit fût terrible. A quelques reprises, j'entends les vélos craquer près de la tente, mais je n'arrive pas à voir quel genre d'animal rôde dans les parages. Dans la noirceur, la main sur ma bouteille de poivre de cayenne, je suis prêt à affronter n'importe quel monstre! Un peu plus tard, le bruit d'une explosion nous fait sursauter dans la tente. Une mine anti-personnelle! L'explosion a eu lieu à moins de 1 km, c'est certain! Nos lectures sur le sujet nous avaient appris que seul le poid d'un humain est suffisant pour faire péter se genre de connerie. Nous sommes terrifiés... Un peu plus tard, le bruit lointain d'une moto qui s'approche... et puis... plus rien. Est-ce que le conducteur vient à notre rencontre à pied dans la nuit? Pour quel motif? Résumé de la nuit: 12 heures de noirceur à imaginer toutes les histoires ces bruits entendus. Au soleil levant, nous sommes de retour à pousser nos vélos. Mais ce matin nous sommes contents de le faire... pourvu que la noirceur ne revienne pas de si tôt!


Étape 4 - A suivre!

2 commentaires:

  1. Peut-être que Pierre deviendra une légende vivante au cambodge.

    Imaginons un petit Cambodgien qui se promène dans la nuit, perdu, essayant de retrouver son chemin et qu'il tombe sur Pierre, affolé, tenant une bouteille de poivre de cayenne disant:"osti de tabarnac..."

    Le cambodgien cours à en perdre l'allure, bute sur une mine, survit et retourne à son village dire qu'il a rencontré l'abobinable homme des bois!

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  2. J'ai vécu un truc du même genre au Mali en pleine brousse avec mon frère pendant 1 semaine coupet du monde.
    Le pire c'est quand tu y repenses après, ça parrait complètement suréaliste !
    Câlice vous vivez de sacrés aventures ça fait plaisir à voir.
    Bonne route, vivement le prochain résumé
    Seb.

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