lundi 26 janvier 2009

Pnom Penh et santés fragiles

Notre arrivée dans la capitale se fait par un chemin qui a la même surface qu'une planche à laver. Nous roulons sur des bosses sans fin. Le dos détruit par les vibrations de mon vélo, je requiers les services d'une bonne physiothérapeute pas trop cher! La frénésie de Pnom Penh nous frappe dès les premiers instants. Nous faisons une pause pour regarder les conducteurs de taxi-motos se lancer aux fenêtres des autobus toujours en mouvement sur la route de la gare.

- YOU WANT A TAXI SIR ?!?

Pour vendre une course de 1$, chaque conducteur s'engage dans une bataille à la vie, à la mort. Nous sourions en enfourchant nos vélos qui nous protègent contre ce genre d'agression.


La majorité des guest houses de Pnom Penh ont la caractéristiques d'être chers. De ce fait, nous ne voyons pas trop l'intérêt d'y passer plusieurs jours. Après avoir songé à monter la tente au centre-ville, nous trouvons cette chambre à 4$ au bord du lac. Splendide! Le seul hic c'est que lorsqu'on tire la chasse de la toilette il s'en dégage une odeur de merde qui dure pas moins de 2 heures. Dans le bâtiment de 100 chambres le masque à gaz est recommandé! Nous avons donc enduré ce dépotoir une nuit avant d'investir dans une chambre un bungalow à 6$ qui sent la rose, une aubaine!



Notre passage à Pnom Penh fût des plus décontracté. Nous avons fait la visite des principaux sites où les Khmers Rouges ont organisé un terrible génocide il y a quelques année. Une histoire de communisme qui a mal tourné... du déjà vu me direz-vous? Les traces de ce régime violent sont encore visibles aujourd'hui. Les principaux acteurs de ce massacre n'ont jamais été jugé devant aucune justice internationale! Aujourd'hui, le Cambodge demeure un des pays qui cache le plus de mines anti-personnelles dans ses forêts. Dans certains villages que nous traversons, 1 homme sur 5 n'a qu'une seule jambe!

Nous avons ensuite expérimenté le night life de Pnom Penh! Sur un bateau qui flotte sur le Mekong, nous avons passé une nuit dans cette boîte de nuit où des membres de Jurassic 5 étaient invités. Soirée hip-hop, american style. Des jeunes font du break dance sur la piste de danse pendant que d'autres s'élancent en style libre au micro. Nous avons bien rigoler lorsqu'à 3 occasions l'électricité fût coupé nous laissant sans musique et sans lumière pour de longues minutes! Et le chanteur de poursuivre sur un rap bien funky:

- Welcome to Cambodiaaaaaaa!!!



Nous quittons après 4 jours sans aucune déception. Sur la route, une faiblesse m'assaillis. Une violente toux et de la fièvre me clouent au lit une journée où nous avions prévu rouler. Au réveil, impossible de bouger... Nous suspectons une malaria. Depuis le départ, je ne sais pas si je compte plus de km ou de piqûres d'insectes! Mon exposition ce genre de virus est donc très élevé. Nous nous rendons à ce petit hôpital d'apparence primitive. Munis d'un dictionnaire ouvert à la page des symptômes, nous expliquons le problème au médecin qui est vêtu d'un habit aussi propre qu'un mécanicien. Fièvre, toux, nausée, maux de tête, faiblesse... il n'en fallait pas plus pour le convaincre d'agir! 2 minutes après notre arrivée à l'hôpital, me voilà avec une aiguille dans le bras en train de m'extraire un échantillon sanguin. Le résultat sera connu dans une heure, le médecin en profite pour une étude approfondie de mon cas:

- Quelle est votre nom ?

C'est tout! Pas de question sur mes antécédents, allergies, etc. Pas d'examen visuel... rien! L'évaluation du patient se fait en lui demandant son nom. Voilà ce qui est de la médecine rapide! Je déroule les 3 dollars que coûtent l'analyse sanguine et j'apprends enfin que je souffre seulement d'une vilaine grippe saisonnière. Fiouuu! N'empêche que cette mauvaise grippe m'aura fait cracher mes poumons pendant plus de 15 jours!Pendant ce temps, Geneviève fait la lutte contre la diarrhée qui semble avoir trouvé refuge dans ses intestins. Décidément, le Cambodge est dur sur nos petits corps de touristes!

samedi 24 janvier 2009

La quête du VRAI Cambodge

Depuis nos début sur cette terre rouge, nous avons eu peu d'occasion de vivre parmi les locaux. En raison du nombre de km parcourus et des hôtels disponibles sur la route, nous avons été tenus à l'écart de la vraie vie Khmer. Jusqu'à maintenant, nous avons opté pour la facilité, nous avons agit en vrais touristes! Mais notre envie de vivre pleinement le Cambodge demeure.

Nous voici donc assis au rez-de-chaussé d'une petite maison placée au milieu des champs de sel de Kampot. Nous sommes chez cette famille qui nous a chaudement invité à partager souper et déjeuner. Tous les types de poissons sont servis. Frits dans une quantité astronomique d'huile, on les mange entiers, de la tête à la queue, de la même manière qu'on mange une sardine. Geneviève pratique ses talents d'actrice en exprimant sa satisfaction. Nina, l'adolescente de la famille est aux anges. Elle vient de trouver deux invités canadiens pour la fête dansante qu'elle organise au village dans 5 jours. En révisant nos pas de danse Khmer, nous convenons qu'il vaudrait mieux poursuivre notre route. Malheureusement, la validité de nos visas nous presse un peu vers le Nord.

Quelques 150 km plus loin, nous arrêtons, épuisés par le vent qui nous retient toujours autour de 15 km/h. Au millieu de nul part, nous en profitons pour faire le plein de calories. Nous avalons tout ce que nous pouvons trouver. En général, nous carburons aux biscuits sodas devenus de la poudre dans le transport! Lors de ces arrêts, loin des sites touristiques que des choses merveilleuses se produisent. Dictionnaire à la main, nous arrivons à nous faire des amis. De fils en aiguilles, nous acceptons une invitation d'une jeune fille pour passer la nuit chez elle. La journée est jeune pour arrêter, mais nous flairons l'aventure! D'autant plus que sa hutte se situe dans un village qu'on atteint avec un sentier étroit qui traverse les rizières. Un endroit ultra sympathique malgré la pauvreté extrêmement qui l'entoure.

Pendant l'après-midi, Geneviève part au marché avec la jeune fille afin de préparer un souper du tonnerre! Avec si peu d'ingrédients, d'outils et de moyens, Geneviève et Nynnas nous cuisine omelettes, poulet au gingembre et souper au poissons. Le tout accompagné de riz bien sûr! Les deux cyclistes obsédés par la bouffe sont rassasiés pour une des rares fois de leur voyage!

Pendant ce temps, je me dirige seul au bout du village pour y donner un cours d'anglais à des jeunes de 6 à 14 ans. Le professeur, âgé de 20 ans, offre gratuitement ces cours, 2 heures par jour, aux enfants trop pauvres pour payer l'école publique (20$/année). Plein de bonne volonté, le professeur utilise l'ancienne méthode d'enseignement; les écoliers répètent et répètent ce que le professeur dit à l'avant. Le problème ici c'est que le professeur à appris à prononcer l'anglais dans un dictionnaire. N'ayant jamais vraiment entendu parler anglais, l'interprétation de la langue lui est bien subjective. Je vous laisse imaginer à quoi cela ressemble!

Et nous terminons la journée tous ensemble autour de ma guitalele. La musique me place dans un état de bien-être intense, surtout lorsqu'elle est partagée avec ces gens qui reçoivent si peu de la vie.

jeudi 22 janvier 2009

Journée du Seigneur

De retour de Sianoukville, nous avions prévu une petite journée de 50 km pour se rendre à la prochaine destination: Kampot. Nous partons quand même tôt dans l'espoir de profiter un peu de la mer que nous quitterons définitivement dans quelques jours. Si notre géographie est bonne et que nous ne changeons pas trop de cap, nous reverrons l'océan en Chine, dans 4 mois. Nous roulerons donc sur cette route qui, selon notre carte, longe la plage du début à la fin.

6 hr du matin, le soleil se lève. Le claquement sur la tole de la cabane où nous avons dormi nous fait penser qu'il y a une sale tempête de pluie à l'extérieur. Merde! Nous avons pensé rester au lit, mais l'endroit n'est d'aucun attrait pour y passer 24h de plus. A l'extérieur il n'y a pas d'eau pas plus que de nuages. Nous assistons à une terrible tempête de vent qui fait voler sable et déchets vers le Sud! Au même moment, pour la première fois de notre voyage, nous mettons le cap sur le Nord de l'Asie. Nous vers le Nord avec nos petits moteurs et le vent violent vers le Sud! Vous me voyez venir... La chose n'est pas si banale, car ce sera ainsi pour les 6 prochains mois selon les locaux spécialistes des saisons. Ce matin, le vent nous retient à 12 km/h pendant que nous forçons comme des athlètes du Tour de France. À chaque coup de pédale, je révise les mots appris lors de ma première communion. 5 km de merde... 10 km de désespoir... 15 km de calvaire... et Geneviève, cachée dans mon dos, me fait remarquer que la poche servant a transporter l'eau n'est plus attachée sur mon vélo. AAAAARRRrrrgghhh!!! Je fais demi-tour en sachant très bien que je ne retrouverai jamais l'objet perdu dans la tempête. Retour au point de départ pendant que Geneviève continue seule la lutte contre le vent. Le chemin est maintenant inondé de gens qui tentent de ramasser leur toiture qui vole dans la tempête. Je me sens con. Pourquoi avoir fait un aussi long détour pour revenir bredouille? De nouveau à la case départ, c'est avec la rage au coeur que je rejoins Geneviève. La musique dans les oreilles, cette fois c'est à 25 km/h que je roule. Ce n'est plus la motivation qui me pousse, c'est la folie.

Il y a de ces moments... ces moments ou je ne saurais quoi répondre aux gens qui nous demande pourquoi faire autant de vélo. Sur la route entre Sianoukville et Kmapot, un doute s'installe en moi. Dans ces conditions, est-ce que le voyage à vélo peut être agréable? Est-ce que le calvaire est passager où s'il durera des mois? J'ai peur de ce qui nous attend...

Je rejoins Geneviève presque au même point où je l'avais laissée. Le vent l'ayant poussé dans le fossé à deux reprises, elle était au point d'abandonner. L'idée de monter la tente au milieu de la route entourée de désert ne nous réjouit pas et il nous parait stupide de remettre la bataille au lendemain.

... Et nous roulons terriblement lentement. Le vent me rend agressif. Les bourrasques me claquent les joues avec une force telle qu'il m'est difficile de respirer la tête haute. Avant de partir du Canada, mon grand-père m'a donné un livre contenant des prières. Selon ce qu'il m'a dit, il s'agit d'un guide pour franchir tous les obstacles (je l'ai donc avec moi). Je crois qu'il avait raison! Ces mots sacrés je les ai prononcés maintes fois... mais, je vous l'assure, cela n'avait rien de catholique!

mardi 13 janvier 2009

Jour de l'an

Nous poursuivions notre descente vers le sud; direction Sihanoukville. En empruntant une partie d'une autoroute nationale nous avoir découvert le comportement des Cambodgiens au volant. On roule la bottine écrasée au plancher, stressé, main enfoncée sur le criard à tout moment. Jusqu'à maintenant, nous avions connu un peuple peu pressé par le temps. Mais, au moment d'agripper le volant, l'appel de la vitesse s'allume à l'intérieur du Cambodgien. Le chauffeur d'autobus devient un pilote de F18, le taxi devient K2000. Tous deux en mission pour sauver le monde, il y a peu de raison d'utiliser le frein. Je vous explique le code de la route ici: 1 coupe de klaxon pour signaler qu'on est pressé (lire stressé). 2 coups de klaxon pour signifier qu'on fera un dépassement par la droite ou qu'on doublera une voiture qui est elle-même en train d'en doubler une autre. La main enfoncée sur l'avertisseur vous donne l'immunité totale... laissant la place à toute manoeuvres suicidaires. Tout cela sous la supervision des policiers qui, sans véhicule, s'adonne à l'entretient de leurs narines utilisant les 5 doigts de la main. Je vous avoue que cela nous fait un peu peur de partager la route qui devient de plus en plus étroite avec ces chauffards qui semblent avoir banalisé la valeur de la vie.

300 km de roulés depuis la frontière et la beauté des paysages nous laisse sans mots. Si les villes ne présentent généralement que peu d'intérêt pour nous, la route, elle, nous inspire. Déjà 5 semaines que nous sommes partis et nous avons le sentiment que notre départ état hier. Malgré l'effort fournit, nous ne changerions pas de situation avec quiconque.

Arrivés à Sianoukville. Nous allons rejoindre des voyageurs Français que nous avons rencontrés sur la route afin de célébrer le nouvel an. La compagnie de Français est toujours appréciée lorsqu'est venu le temps de faire bonne chère! Nous avons passé 2 jours mémorables avec ce groupe de voyageurs peu communs! Ils nous ont reçus comme des rois, nous offrant fruits, produits de la mer, alcools et sourires! Nous les remercions encore pour ce bon temps que nous avons passé!

3 couples, 3 camping cars (campeurs) et des rêves plen la tête; voici le portrait de ces cousins Européens:

Yan & Géraldine: Ces aventuriers dans la trentaine sont des vrais de vrais!Tous les deux dans le domaine des communications, leur travail est de faire rêver les gens! Et ils le font bien! Photographes, auteurs et conquistadores, ils font le tour du monde dans leur boîte à pain sur 4 roues qui date de 1969. Allez visiter leur site, c'est du calibre de National Geographic!
http://www.cheminsdumonde.net/

Denis et Nanou: Famille française typique en apparence; 2 enfants, 2 carrières. Il y a 1 an ils ont laissé leur routine en France pour parcourir le monde dans leur campeur. 3 ou 4 ans sur la route, à faire l'éducation des enfants à coups d'expériences et de paysages. Ce sont des gens très attachants et leur histoire est fantastique, allez visiter leur site!
http://www.latortueselene.com/

Denis et Sarah: Ex champions sportifs, ils ont maintenant de nouveaux défis: voyager avec leur famille de 3 enfant dont une petite fille de quelques mois. A bord de leur motorisé, ils roulerons sur la Terre pendant 5 ans. A voir cette belle famille, on réalise à quel point la vie n'est pas si compliquée après tout... Pince-sans-rire, Denis à fait 6 fois le tour de France et Sarah à fait du ski au niveau international. Nous sommes très impressionnés par ce qu'ils continuent d'accomplir! Aller voir comme ils sont beaux :
http://familleroux.top-depart.com/


Tout ce monde, beaucoup de fruits de mer, beaucoup d'alcool et une belle fraternité. Notre année 2009 commençait bien!

Nous vous souhaitons aussi une année 2009 remplie de belles aventures!

mardi 6 janvier 2009

Le Cambodge

Si la pauvreté est spectaculaire en ces lieux, il est tout de même faisable, pour les deux étrangers que nous sommes, de manger, dormir et se déplacer. Nos 3 besoins primaires comblés, il n'y a donc pas de quoi se plaindre! De plus, nous sommes en santé presque parfaite et ce, depuis le début du voyage! Le vélo semble nous purifier de tous les bactéries que nous absorbons avec la nourriture de bord de route.

Le Cambodge est un pays de contrastes. Nous sommes habitués, malheureusement, aux endroits où la richesse et la pauvreté extrême se côtoient. Ici, c'est différent. Nous sommes surtout surpris de voir se mélanger le rouge vif de la terre avec le vert fluo de la végétation, entre le sourire des enfants et la poussière qui leur recouvre le visage, entre la culture Khmer et celle des étrangers qui sont venus coloniser et détruire une partie de leur pays. Par exemple, c'est grâce aux Français qui ont fait du Cambodge un pays indépendant et misérable, que nous mangeons, chaque matin, notre baguette de pain et notre café espresso noir. Merci!

Lors de notre arrivée au Cambodge, nous en connaissions très peu sur le pays, sinon que sa triste histoire. En une journée, nous avons tenté de réapprendre à parler (Khmer), manger (peu diversifié), dormir (camping interdit, sinon 10 ans de prison!) et rouler (tôt la matin et à droite de la route). Nous avons maintenant un langage très pourri qui mélange Anglais, Français, Thaï et Khmer (Espagnol pour Geneviève). Si notre façon de nous exprimer fait souvent peu de sens, nous arrivons bien à nous faire comprendre dans toutes les situations!

Koh Kong, première ville poussiéreuse du Cambodge. Lorsque le vent se lève, le sable des rues tourbillonne et nous brouille la vision. Cela me fait penser à une des scènes de Fear and Loathing in Las Vegas. Nos passons l'après-midi sur le balcon d'un magasin tenu par une jeune famille. A la manière des locaux, le temps n'existe plus. Nous relaxons et profitons d'une petite conversation avec un jeune Cambodgien pour apprendre l'essentiel du sa culture.

A la noirceur, tout devient fantôme. Aucun lampadaire dans cette ville, nous entendons les motos circuler sans phares, mais nous apercevons presque rien autour. La nuit n'a rien de rassurante. Cependant, nous sommes désireux d'en apprendre sur ce pays mystérieux. Nous acceptons donc une invitation de Tipy, une petite femme extravertie, qui nous offre, thés, cafés et bières. A chaque éclat de rires, une amitié se construit entre nous. Nous lui proposons de se rassembler pour le déjeuner, avant de lui faire nos adieux...

... Nous traversons le plus grand parc national du Cambodge où personne n'est autorisé à vivre. La route est longue, difficile, mais tellement généreuse en paysages qu'elle nous fait même oublier notre faim! Vers midi, après 5 heures à pédaler, nous arrêtons une première fois pour avaler 2 ananas entiers et une dizaine de bananes. Les enfant autour sont stupéfaits! A bien y penser, nous venions probablement de manger l'équivalent de leur nourriture hebdomadaire! C'est lorsque nous pratiquons nos premiers discours Khmer que de gros nuages noirs s'avancent et nous crachent un déluge d'enfer! Un déluge qui dure 4 heures et nous force à dormir là, au milieu de la route, à l'intérieur du kiosque de bananes. Nous passons donc l'après-midi et la soirée avec les habitants des 4 huttes de la région. J'en profite pour faire sonner ma nouvelle petite guitare (guitalélé) acquise à Bangkok d'un routard Français de bonne fortune! Il n'en fallait pas plus pour que la fête commence! Geneviève m'accompagnent à la voie, les enfants courent et dansent autour. Après quelques essaies, nous confirmons que Sublime et Jean Leloup ont un bon potentiel pour percer au Cambodge!

Les prochains jours nous dirigeront vers sihanoukville, ont nous comptons passer le nouvel an!

jeudi 1 janvier 2009

Sur la route rouge

Le chemin de traverse qui mène au Cambodge fût remplie d'aventures, de rencontres et de surprises. Cela tombe bien, nous ne sommes pas encore las de ce genre de choses.


Il y avait, tout d'abord, ces Russes qui, dans un anglais bien tordu, nous montrèrent du doigt ce qu'ils se préparaient à parcourir en vélo. Partant de Bangkok, ils ont, à peu de détours près, le même trajet que nous avions dessiné avant de partir pour l'Asie. Avec les péripéties de la Thaïlande et les nombreuses rencontres, notre trajet n'est plus le même. Seulement les fous de changent pas d'idées. Pour ceux qui s'inquiéteraient, nous parcourrons les mêmes pays! Nous aurions pu suivre les Russes un moment, mais ils étaient trop timides pour en faire des compagnons de longue route.

Il y avait ensuite cet anglophone sur 2 roues, comme nous. Un huluberlu. Un Canadien. Qui habite au Québec, à Montréal, sur le plateau. Chassé de la Hollande après avoir vu son coffee-shop fermé par la police d'Amsterdam, il passe 6 mois, chaque année, sur sa bécane à parcourir le monde. Nous sommes restés, là, une bonne heure, au bord de la route à déconner avec le type jusqu'à ce qu'un policier nous arrête pour avoir nuit à la circulation (déjà bien bordelique). Nous avons compris que cela était plutôt un prétexte pour satisfaire la curiosité qui cherchait désespérément à s'introduire dans la conversation. Notre seul regret lors de cette rencontre était de voir notre ami cycliste rouler en direction opposée à la nôtre. Nous aurions aimé rouler à ses côtés. Nous l'avons salué en partant chacun de notre côté, se promettant de partager quelques Labatt 50 frettes lors de notre retour au pays.

Quelques kilomètres plus loin, la douane cambodgienne coupe la route avec une clôture aussi imposante qu'un filet de badminton. Nous avons pensé foncer à toute allure, mais avons jugé que, finalement, cela ne valait pas les 40$ que coûtent 2 visas :)

- Hello sir, 2 visas for 1 month.
- That's 1200 Bhats each... (42$)
- Sorry sir, we are from the canadian government, we only pay with US dollars
- ... well, for you it will be 25$ each, dit-il avec un air frustré
- Can I have your name sir, can you write it on this paper?

Le bandit, engagé comme douanier, pris le 40$ que je lui présentais ainsi que nos visas et claqua la porte. Quelques instants plus tard, une fenêtre s'ouvrit et nos passeports furent éjectés avec, à l'intérieur, 2 visas valides pour 1 mois! Voilà qui est fait, nous avons donc sauvé 42 $ américain au profit de la corruption; la meilleure aubaine que nous ayons faite en Asie!

Traumatisés de l'effet produit par les mots Canada et gouvernement mis ensemble, nous avons ainsi franchi la frontière du Cambodge. Si nous avions imaginé une transition tranquille et progressive en les deux pays, la réalité fût toute différente. Fin de la belle route de ciment. Fin des stands de nourriture en bordure de route. Fin du terrain plat. Du haut d'une colline, nous avons aperçu ce que nous réservaient les premiers jours au Cambodge. Ce que nous avions devant nous était une route en terre rouge, ravagée qui traverse montagnes et jungle vierge. Nos sacs remplis de nourriture et d'eau, nous nous lançâmes dans cette descente, sachant que la prochaine ville sera à plus de 250 km... Bienvenue au Cambodge!