mercredi 11 février 2009

Highway to hell (suite)

Etape 4 - Fin de la bonne humeur

Nous poursuivons notre route en marchant et en poussant difficilement nos vélos. Le peu de repos que nous avons accumulé pendant la nuit précédente nous permet de pousser nos bécanes sur 10 km dans un temps record! L'équilibre de Geneviève sur son vélo s'améliore d'heure en heure. Nous réussissons donc à rouler sur des sections très techniques sans trop perdre le contrôle. Entre Chiang Mai et Bangkok, sur la route presque parfaite, elle ne pouvait agripper sa gourde et boire en roulant. Maintenant, elle est devenue une cycliste agile! L'effort nécessaire pour ne pas chuter dans ces sentiers est intense. Ce matin, le peu d'énergie qu'il nous reste est vite dépensé. Avec 10 km à faire pour atteindre un premier village sur le sentier, il n'y a plus rien de drôle. Une mauvaise humeur contagieuse s'empare de Geneviève. Le genre d'état qui te fait perdre ton sang froid et qui te fait focusser sur le négatif.
De mon côté, je m'en veux personnellement de nous avoir placés dans un tel merdier. Nous n'avançons presque plus. La tête lourde de pensés négatives nous traversons un important complexe de ruines que nous visitons sans mots, sans joie. Je crois qu'à ce moment, nous aurions tous les deux pris notre vol de retour pour Montréal. Enfin, nous rejoignons Ta Seng, le village qui nous sauve de notre solitude, de notre soif et de notre désespoir. Rassemblement d'une vingtaine de huttes, Ta Seng est l'endroit où passons la nuit afin de réfléchir à ce que nous voulons pour la suite...

Etape 5 - Le moteur au service de l'homme

Selon les locaux, il reste 35 km de sentiers très mauvais pour sortir de ce trou. L'accessibilité de cet endroit est réduite au maximum. Pas question de continuer de la même façon que nous sommes arrivés ici. Pas question de faire souffrir Geneviève plus longtemps. Pas question non plus de retomber dans le stress d'une autre nuit dans la jungle. Nous faisons le tour des fermiers du village et négocions le prix de notre évasion. Pour 25$, un moteur sur 2 roues tirera un chariot avec nous et nos vélos à bord. Les pensées positives reviennent tranquillement...


Etape 6 - Fin du calvaire?

Phnom Deik, fin du highway 66! Nous payons le conducteur du chariot et lui laissons le reste d'une bouteille de vodka que nous trainons depuis le jour de l'an.

Sur notre carte, il y a un autre "highway" douteux qui nous mènerait jusqu'au Laos. Il y a aussi la possibilité de regagner la route principale du Cambodge et remonter au Laos sur plus de 750 km d'asphalte. Notre dernière expérience en terrain hasardeux nous fait préférer la route principale, mais la validité de nos visas rend impossible toute initiative dans cette direction. Le détour de 600 km est trop grand... Nous nous dirigeons vers cette route que les gens qualifient de "bad bad road". Serait-ce le début d'une nouvelle mésaventure?



Etape 7 - Drôle de rencontre

Nous quittons Phnom Deik au soleil levant en roulant toujours sur une route de poussière pas trop mauvaise. Nous refaisons des provisions en prenant soin, cette fois, de ne pas manquer d'eau. Après 2 heures de vélo, un véhicule de l'armée nous intercepte et nous demande notre destination. ''Chhep !'' Nous leur répondons. Notre réponse produit un effet instantané sur les occupants du camion. Tous éclatent de rire en faisant de grands mouvements. Notre ambition semble, une fois de plus, dépasser les limites du raisonnable. Ils nous proposent donc de nous y emmener dans leur 4x4 qui a l'allure d'un blindé de la 2e guerre. Un bon deal!

Dans le véhicule, les gens sont très sympathiques. Par contre, les motifs de leur escapade vers la frontière du Laos sont très nébuleux. Pourquoi passent-t-ils par ces routes impraticables? Pourquoi insistent-t-ils pour ne pas que nous passions la nuit avec eux, à Chhep? Il faut ici comprendre que notre situation géographique est aussi celle préférée par les trafiquants d'héroïne qui transit la drogue du Laos vers la Thaïlande. La journée avance et tout devient plus clair. Nous profitons du transport, mais une fois rendus à Chhep, nous allons dormir au prochain village, â 20 km.

Étape 8- Pauvreté extrême

Notre isolement se fait sentir. Le paysage est magnifique. Par contre, la pauvreté des gens qui nous entourent est si extrême qu'elle nous terrorise. Souvent, nous pédalons sans mots, dans une atmosphère de désolation, en traversant les villages. Pas de mur, pas de toit, les familles dorment sur une plateforme en bambou qui les protège des animaux et des fourmis. Les gens sont presque tous nus, exposant leur maigreur. Les enfants ne nous saluent pas au passage, ils pleurent de peur. Notre regard qui croise le leur est comme un choc électrique. Aucun sourire ne s'échange, seulement de l'incompréhension, comme deux races de chiens qui ne se sont jamais vu auparavant. Nous les analysons, ils nous analysent.

Si cette région est très éprouvante psychologiquement, l'effort physique pour la parcourir est raisonnable. Le fond du sentier en sable dur nous laisse parcourir les derniers 120 km dans la forêt en 2 jours. Alléluia!!

Nous traversons le Mekong en pirogue et laissons définitivement la jungle derrière nous après 7 jours dans la brousse à surmonter toutes les épreuves immaginables. Nous nous posons donc à Stung Treng pour 4 jours, le temps de faire quelques mises au point, de se reposer et de préparer notre passage au Laos!








Voici les statistiques pour le Cambodge!

Nombre de jours. 30
Nombre de jours roulés. 20

Nombre de kilomètres. 1550
km/jour. 55 km/jour roulé. 77

2347 chutes de Pierre
2348 chutes de Geneviève, dont 1 solide sur la tête. Heureusement qu'elle porte son casque!
Nombre de blessures sérieuses. 0

Nombre de crevaisons 1 Pierre, 2 Geneviève

Nuits camping/ chez l'habitant. 10
Nuits hotel / guest house. 20

Douleurs chroniques.
Geneviève - Estomac
Pierre - Estomac de Geneviève

5 commentaires:

  1. Je vous tire mon chapeau pour cette fabuleuse aventure!

    C'est dans ces cas là qu'on ressort grandit psychologiquement,
    Si vous deviez rentrer demain, les tracats de la ville vous paraitraient bien dérisoire...
    Li aye.

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  2. Allo vous autres !
    Ces efforts resteront marqués à jamais en vous et vous aideront dans vos prochaines aventures et dans votre vie.
    Je suis vraiment impressionné de votre force de caractère.
    Continuez et prenez soin de vous.
    Au plaisir de vous relire.
    Ciao

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  3. Bonne fête Ge!
    je te souhaite une autre belle journée remplie d'aventures! Saches qu'on est tous un peu avec vous 2 dans ce voyage là!

    jp
    xx
    ps: je suis maintenant passé dans le monde des grands! j'enseigne à un groupe au cegep de victo à partir de cette semaine! ;)

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  4. WOW! Je vous lis depuis le début et vous me faites vraiment tripper!!! Mon Dieu ce que vous aller retirer de ce périple...c'est unique, c'est magique. Vous serez tellement forts (pas que vous ne l'étiez pas avant ;o), individuellement et l'un avec l'autre...je vous envie positivement et sincèrement. Je vous envoi plein d'énergie et de pensées positives...may the force be with you both!!

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