mardi 26 août 2008

Une image vaut mille mots

Combien valent 10 images?


25 Novembre 2008


Bangkok

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Mai - Juin 2009 - Honk Kong



Une route




Un objectif - Chasser quelques sourires!

mercredi 13 août 2008

5h30, Quelque part au bord du fleuve

Comme dirait Geneviève, la nuit fut « correcte ». Elle utilise ce qualificatif lorsque quelque chose n’est pas tout à fait merdique, mais pas loin de l’être. C’est que le propriétaire du terrain adjacent jugeait que l’été n’était pas assez pluvieux ainsi et avait programmé ses gicleurs pour arroser son étang pendant toute la nuit. Bravo! « Tara ta ta ta ta…… Tara ta ta ta ta » Au début, nous avons cru à l’arrivé de l’armée Canadienne, mais nous avons ensuite compris l’ineptie de la situation. Cette nuit plutôt mouvementée se prolongea avec une grâce matinée royale. Ce matin-là, il n’y avait pas de croissant ni de thé pour le roi et la reine, mais du pain sec avec beurre de peanuts. Et nous sommes partis comme des voleurs.

Suivant le chemin du roi, nous avons découvert de petits villages trop sympathiques, des gens trop souriants, des routes trop extraordinaires et, par-dessus tout, un généreux vent de dos qui nous propulse de contrées en contrées. En arrêtant sur la route pour nous prendre à manger, nous nous sommes longuement questionné à savoir pourquoi les gens de la campagne sont si gentils comparativement à ceux de la ville. Je ne sais pas, mais cela me donne envie de m’y installer. Au milieu d’un champ de blé, une petite maison. Deux jeunes en train de refaire la toiture et derrière, des musiciens donne un concert intime à quelques personnages sortis tout droit des années 70. Cette commune aurait fait rougir tous ceux qui se cachent derrière leur individualisme.

C’est vers midi que nous avons découvert qu’il faisait trop chaud pour avancer davantage. Nous avons donc garé nos montures près d’une rivière à l’écart de la route et nous avons dormi. Combien de temps ? Aucune idée. Mais juste assez pour bien digéré les super sandwiches à saveur de bonne humeur que Geneviève nous avait préparés. Et nous sommes repartis, direction Trois-Rivières!

Le soleil (concept abstrait de nos jours) était maintenant caché par les nuages et nous avions chacun le mal du cycliste, communément appelé le « mal-de-cul ». Entrant à Trois-Rivières, le tonnerre nous suggéra de prendre une pause au gros ‘’M’’ jaune. Mais c’était peine perdu de tenter de demeurer au sec, il a plu le reste de la journée… Cela nous força à prendre un souper bénis des dieux sous le perron couvert d’une église. Le corps du Christ…Amen!

Ensuite, nous avons filé jusqu’à la prochaine halte routière où nous nous sommes installés pour la nuit. Du haut du cap, nous avions une vue imprenable sur le fleuve, mais les rafales de vent, mêlés à la pluie, nous firent se rabattre dans notre tente jusqu’au lendemain. Ok, dormir dans une halte routière est illégal. D’ailleurs, un agent de sécurité est venu nous le rappeler tard dans la nuit.
- C’est pas un camping icitte
- Ok monsieur
- Êtes-vous en vélo ?
- Oui monsieur
- Ah ouuuuuuiiiiin !?!
Le ton avait changé et notre interlocuteur était maintenant notre ami. Il me raconta quelques blagues et me proposa de surveiller nos vélos pendant la nuit.

Le lendemain, nous avons roulé au soleil avec un ami que nous avons rencontré le soir précédent. Fils d’un aventurier qui a traversé l’Amérique à vélo, il en était à son initiation. Il était parti d’un petit village près de Repentigny et se rendait, seul avec son vélo, visiter un ami à Amqui en Gaspésie. Le type était jeune, mais il avait une détermination extraordinaire. Voyager seul c’est dans une catégorie à part. Je respect cela énormément. Tu te souviens de ma résolution de 2008 Geneviève? « Ne jamais attendre les autres pour partir à l’aventure ». Notre ami l’avait compris, lui.

Nous avons roulé vers Québec à la recherche de champs où nous aurions pu cueillir des framboises, mais nous n’avons pas trouvé. Heureusement pour les framboises… elles auraient passé un mauvais quart d’heure, je vous l’assure!

La fin du week-end approchait déjà! Seulement 40 km à faire quand le malheur arriva. C’était un avertissement pour la suite. Il faut toujours être prêt à tout sur la route. Le poids de mon corps et de mes sacoches ont fait exploser un rayon de roue arrière, la laissant complètement tordue et pratiquement inutilisable. Cela nous embêtait particulièrement, car nous n’avions pas les outils nécessaires pour faire la réparation. Mais pas question de marcher les 20 km qui nous séparent de l’atelier de réparation. Je continue sur ma roue fausse en espérant quelle tienne le coup.

Je vous disais que les gens de la campagne sont particulièrement sympathiques? Voici un autre exemple : Pendant que nous avancions tranquillement, mais surement vers Québec, une camionnette nous arrêta au bord de la route. Je connaissais le conducteur, il nous avait dépassés à vélo un peu plus tôt. Voyant que nous étions en mauvaise posture, celui-ci avait foncé vers sa demeure, pris son pick-up et était revenu nous offrir un raccompagnement à la maison. Wow! Mais nous avons refusé. Il fallait finir ce que nous avions commencé. De toute façon c’est probablement ce que Mike Horn aurait fait…

vendredi 8 août 2008

Berri-Uqam 20h30

Sur le quai de débarquement, nous nous trouvons à l’écart du flot en train de resserrer les derniers écrous qui font tenir nos vélos en un morceau. Improviser un atelier de mécanique à l’improviste me fera toujours sourire; pas besoin de rendez-vous au garage et le seul outil nécessaire ne tient que dans le creux de ma main. Pendant que je fais les derniers ajustements, Geneviève réparti les bagages dans les 2 nouvelles sacoches de vélo.
- 1 tente
- 2 sacs de couchage
- 2 matelas de sol
- 2 imperméables
- des sous-vêtements
On voyage léger. C’est tout.

Le soleil est couché depuis quelques minutes et la ville vibre maintenant au rythme de la nuit. Le départ est imminent. Je sens l’excitation dans l’air.
- Es-tu crinké?
- Ohh ooouuiii !
Le regard de Geneviève en dit long : « Quittons vite cette jungle! » Je réalise alors la chance que j’ai d’être accompagné d’une personne aussi intense et aventurière. Je suis fière de toi Ge ;)

Les premiers kilomètres sont applaudis par les klaxons et les sonnettes de la ville. L’air est humide, mais nous sommes bien. Comme dirait Cayouche, « on n’est pas chez nous mais on est ben ». Puis, nous roulons vers l’Est, sans trop de chemin précis, l’air devient plus frais et la lumière se tamise. Mais détrompez-vous, nous étions bien loin du décor romantique escompté. À mesure que mes yeux s’habituent à la noirceur, je découvre l’endroit : Montréal-Est, le royaume du métal rouillé! Sur ce territoire industriel, il n’y a pas de trace de vie. Lorsqu’un jour la Terre se videra de ses humains, c’est comme ca que j’imagine le paysage. Des réservoirs d’essence, des barils d’huiles et des centaines de grues tous harmonisés dans des teintes qui varient du rouille pâle au rouille foncé.

L’absence de trafic en ce territoire nous permet d’échanger pour vrai depuis le départ.
- Semaine de fou !
- Toi aussi ?
- Ouais, même que …
- Est-ce que je t’avais dit que …
- Et là, le gars m’a dit …
- Donc je suis allé …
- …
- …
Et cette conversation se termine lorsque nous réalisons qu’il n’y a plus d’usines autour de nous, que nous sommes en terres de banlieusards et que nous avons vraisemblablement perdu le Nord (ou plutôt l’Est). Arrivé à un ‘T’, ni la gauche ni la droite ne nous inspire. 10 secondes pour y penser et…
- ETES-VOUS PERDU ?!?!
C’était la voie d’un homme en robe de chambre qui nous interpellait du 3e balcon. Le rôle de cet individu dans la vie est de diriger les vélos perdus à 23h30 dans un quartier sans lumière. Du moins, c’est la seule explication que j’ai pu imaginer. « C’est par là » en nous pointant la droite. Nous roulons donc en direction de Repentigny, traversant une série d’échangeurs d’autoroutes plus ou moins réglementaires pour les cyclistes. Quand Geneviève m’a fait remarquer l’illégalité de la situation, nous avons jugé bon d’en rire un bon coup.

Un pont, deux ponts, je ne me souviens pas… mais je me souviens de ce sentiment de liberté lorsque nous avons quitté l’île. Devant, des lumières au loin, derrière, une quarantaine de km nous séparent du point de départ. Pas un bruit, sauf un : celui du vent dans mes oreilles. L’air est bon « et j’espère ne jamais arriver » -J. Leloup.

Bienvenue à Repentigny dit l’affiche pendant que je fredonne les deux mêmes lignes en boucle :
« Bienvenue à Repentigny-by-the-see / On va s’saouler en tabarly »
Lieu de naissance des Cowboys Fringuants et d’environ 75 000 autres personnages, Repentigny nous en met plein la vue avec son fameux Motel Capri. Une façade chromée qui lui voudrait surement un 3 étoiles à Fort Lauderdale. Trêve de plaisanteries, le centre-ville de Repentigny nous semble bien sympathique la nuit. Petites rues de pavés qui, d’un côté, hébergent d’agréables cafés et, de l’autre, offre une vue magnifique sur le fleuve! Ce n’est pas l’envi qui manque, mais nous nous sommes résolus à ne pas piquer notre tente directement au centre-ville. C’était mieux ainsi nous avons convenu J

Nous traversons donc la ville en profitant de chaque instant. Tantôt une voie porte les échos d’un festival sous un chapiteau, tantôt l’effluve d’une boulangerie nous rappel que le déjeuné est notre repas préféré à Geneviève et moi. « Demain on revient ! » Et, tranquillement, comme cela, nous passons des rues. Et encore des rues. Et nous passons cette rue. Celle que j’ai bien remarquée : le cul-de-sac sombre sur notre droite. Un chemin vers nulle part. Pendant que j’y pensais, Geneviève me rattrape pour me dire qu’elle a peut-être aperçu une place trippante pour passer la nuit. « T’as vu la petite rue à droite? »

Le cul sombre du sac débouche sur une séduisante pointe de terre qui s’avance dans le fleuve. Juste assez large pour y jeter notre abri. Immense coucher de lune, ciel étoilé à souhait, brise de la mer.
- C’est la couronne qui vous l’offre mademoiselle
- zzz zzzz zzz
- Geneviève ?!