dimanche 13 septembre 2009

Express pour Shanghai (3e partie)

Hunan

Flanqués de nos trois confrères Chinois, nous avons atteint le Hunan, une province de la Chine centrale. Nous sommes heureux de maîtriser un peu de Mandarin afin de pouvoir partager de bons moments avec des gens qui vivent la même chose que nous. Leur itinéraire coupa le nôtre juste au moment où, en regardant la carte, nous étions bien découragés de voir Shanghai aussi loin. Au moment où Geneviève et moi commencions à sentir la solitude qui nous envahissait. Certain moments, nous demandions vraiment pourquoi nous nous donnions tout ce mal pour pousser nos vélos aussi loin. Or, partager notre route avec ces amis pour quelques jours nous redonna le goût d’avancer !

Le Hunan est situé au centre d’un pays qu’on déconseille aux voyageurs pendant la saison chaude. En été, on suffoque souvent sous une atmosphère horriblement chaude et humide (40-45 C) ; Une sensation qui s’apparente probablement aux légumes qui cuisent sous la pression d’un presto. Sinon, on endure des tempêtes tropicales persistantes. Croyez-moi, ces orages n’ont rien à voir avec les petites giboulées du Québec. Bref, la température estivale de la Chine nous garantie de tremper nos vêtements à chaque jour ; soit par la pluie, soit par la chaleur halitueuse. Vous comprendrez alors que nous sommes la risée de bien des gens lorsque nous leur avouons notre résolution à traverser la Chine à vélo pendant cette période.

Heureusement, le Hunan est une province extrêmement riche en fruits et légumes ! Les produits y étaient offerts presque gratuitement. J’ai le souvenir que les pastèques étaient moins chères que l’eau ! Notre consommation de fruits prenait alors des proportions exagérées !

- 10 kg de pastèques, 5 kg de litchis et 5 kg de poires pour emporter svp !

Après plus de 200 jours sur la route, nous nous sentions bien déconnectés de tout ce qui se passait sur la planète. Sans journaux, sans télévision et sans radio, il y aurait pu y avoir une troisième guerre mondiale, nous l’aurions ignoré. Qu’importe, nous étions très bien connectés sur ce qui se passait tout près de nous : les odeurs, les couleurs et les gens que nous avons rencontrés. En effet, c’était notre objectif, c’était le but principal de notre périple !

Un matin, alors que nous roulions sous un soleil de plomb, un phénomène étrange se passa. Comme si Geneviève et moi avions mis nos lunettes de soleil, tout devint sombre autour de nous. Aucun nuage dans le ciel, c’était une de ces journées chaudes qui se préparait. Une heure plus tard, la lumière réapparue et nous convainquit que c’était l’heure de sortir la crème solaire. Phénomène qu’on s’expliquait mal avant que des citoyens des villes nous demandèrent si nous avions observé l’éclipse totale de soleil ! C’était un événement qu’on attendait depuis longtemps en Asie. Nous l’ignorions. Le même phénomène pourra seulement être observé à nouveau en 2045 ! Déconnectés nous disions…


Jiangxi et Zhejiang

Tranquillement, les décors ruraux se transformèrent pour laisser la place à des paysages urbains très ennuyants. Dans les provinces de l’Est, les Chinois regardent fièrement pousser le béton autour de leurs anciennes fermes! La présence des monstrueux édifices est symbole de prospérité pour tous ! Chacun voit son avenir au sommet des constructions à 50 étages. Les énormes villes surpeuplées et surpolluées s’entassaient donc sur notre trajet. Au même moment, nous étions par une effroyable monotonie qui nous laissait bien tristes. Comme dans le jour de la marmotte, les journées passèrent et se ressemblaient tous ! De ville en ville nous roulions, fatigués, dans le simple but d’atteindre Shanghai avant que les parents de Geneviève n’arrivent.

Shanghai

Après 40 jours de vélo intensif, nous avons enfin rejoint la mégapole Chinoise ! Une étape importante de notre voyage se terminait. Certes, nous étions essoufflés physiquement, mais nous étions surtout accablés par une fatigue psychologique intense. La monotonie des derniers jours nous laissait un sentiment de morosité écrasante. Pendant plus d’un mois, nous avons roulé 100 km par jour en moyenne. C’était beaucoup de kilomètres en trop peu de temps. Nous avions perdu la joie de faire du vélo. Jamais nous n’avions pensé abandonner notre projet, mais nous étions désormais peu optimistes à l’idée de pousser nos vélos plus loin après Shanghai.

Heureusement, nous avions près d’un mois devant nous pour nous réconcilier avec nos vélos. A l’arrivée des parents et de la sœur de Geneviève, nous avons entreposé les vélos pour partir avec notre sac à dos ! Des nouvelles aventures en vue ! Mais ca c’est une autre histoire…