vendredi 29 juillet 2011

Pickups, moustaches et fusils de chasses

Le touriste enthousiaste qui se rend à Kalgoorlie est confronté à un éventail d’attraction assez limité. La petite ville perdue au milieu du désert propose tout de même deux importants attraits : des serveuses topless et une mine à ciel ouvert. Les gros camions ou les grosses poitrines. Certes, un choix déchirant, mais Geneviève trancha rapidement: nous sommes allés voir les gros camions.
 
Le village est essentiellement un camp de base pour une dizaine de mines d’or disposés dans un cercle de 5 km. Ici, les maisons ne sont pas décorées. Il n’y a pas de fleur dans les jardins et la pelouse est aussi rare que la neige. Les gens ne vivent pas ici par plaisir. Ils y viennent pour se remplir les poches de bidous. Cela me rappelait un peu Ste-Foy; on y vit parce qu’on est obligé, pas parce qu’on en a envi…


Question de se débloquer l’ennuie, nous avons accepté l’invitation de jeunes Australiens en mal de boisson à l’occasion de leur pendaison de crémaillère. Une soirée noble où la classe, la finesse et la distinction étaient mises à l’avant plan. Pendant que deux jeunes femmes presque nues se chamaillaient dans un coin pour un verre de vin, les hommes s’adonnaient à la conduite en état d’ébriété dans une zone résidentielle du village. Il y a de ces moments où la bêtise humaine est trop grosse, trop épaisse. On aimerait bien pouvoir y faire quelque chose, mais mon allure de Jésus-Christ ne suffisait pas pour rendre mes conseils pertinents à leurs oreilles.  Un peu déçus de cet univers de moteurs, moustaches et fusils de chasse, nous étions certains qu’il y avait mieux à voir.

Comme d’habitude, il suffisait de chercher un peu loin pour découvrir un peu de vrai dans ce monde de mensonge et de dénis. Derrière cette affiche « défense de passer » se cachait un terrain de jeux pour adulte : Une mine désaffectée. C’est bien connu, les adultes n’ont plus le droit de s’amuser dans cette société moderne. On va à la mine pour travailler, pas pour se dérider. Accompagnés de trois complices Australiens nous avons laissé  tomber les règles, les scrupules et les vêtements. Nous avons plongé tout droit dans cette piscine interdite. Le feeling était bon, nous avons donc décidé d’y passer la journée…
 
Cela faisait presque un mois que nous n’avions pas fait de cyclotourismes sérieux. Les pédales nous démangeaient. Les fesses nous ramollissaient. Il était temps de tourner les jambes un peu. Notre prochaine destination était Espérance, le village portuaire où nous pourrions nous installer pour quelques mois si l’association de physiothérapie se décidait à donner le permis de travailler à Geneviève. Nous étions particulièrement excités de visiter ce village qui serait possiblement notre pied-à-terre pour quelques temps. Mais attention, nous étions loin d’être rendus. Il y avait 500 km de désert à traverser pour s’y rendre. Pas de ravitaillement. Pas de douche. La route sera longue… comme on l’aime!
 
Nous avons chargé une quantité phénoménale de nourriture et avons fait quelques réparations sur les vélos qui commençaient déjà à se plaindre. Nous étions de retour sur la route, en direction de l’océan indien. Plus de 4 000 km au compteur et de nouvelles aventures qui commencent!

Pénible réalité, le désert est un environnement hostile pour tout être vivant. Les mouches noires semblent aussi vivre dans la misère au milieu de cet étendu ultra sec. A notre passage ces gentilles bestioles y voient une opportunité de venir cueillir de la protéine à même notre sueur. Après quelques kilomètres seulement, près d’un demi-millier d’insectes sont à nos trousses. Il n’y a qu.une solution : rouler avec un filet sur la tête!

mardi 28 juin 2011

Voyage vers l'Ouest

Adelaïde, par un matin gris et venteux. Nous avions chargé les vélos, mais avec moins de rigueur que l’usage général. Nous avons connu un départ lent à 5 km/h. Et puis 10. Un grincement se fit sentir. Enfin, nous atteignions le 30. Et puis 60. La route s’adoucit, le temps d’atteindre les 110 km/h. Il est beaucoup plus rapide de voyager en train que de voyager en vélo! 

Nous étions en route vers l’Ouest. L’objectif final. Cette balade motorisée rendait la chose officielle : Nous n’allions pas compléter la traversée de l’Australie à vélo. Trop d’embuches bureaucratiques. Trop peu de temps pour réaliser l’impossible. Et surtout trop de camions de 55 mètres de long conduits par des robots sans émotions. Bref, nous avons choisi de tricher et nous n’avions même pas honte. 

Encore le frisson du départ, pour la cinquante douzième fois cette année. Encore un endroit qu’on ne reverra jamais plus de sa vie. Il valait mieux ne pas y penser. Comme d’habitude, on se dépêche pour ne pas de la paresse nous rattrape. On se presse pour ne pas avoir à se retourner et on coupe toutes communications avec les regrets.  C’était le temps pour nous de quitter l’Est australien. 

J’ai toujours aimé la poésie qui entoure ces routes de fers qui s’enfoncent dans de grands espaces. Ne serait-ce que par sa disposition historique, le train est le théâtre qui permet à monsieur et madame de se transformer en véritable globetrotteur. C’était ainsi à l’époque de nos grands-parents et c’est encore pareil aujourd’hui. C’est en super héros qu’on y monte, même s’il n’y a personne qui nous attend au début et à la fin de cette route. Après tant de mois à vagabonder sur nos vélos, nous avions l’habitude de n’exister que pour nous deux. 
 
Le chef de gare aura bien tenté de nous divertir avec sa moustache de 20 cm, mais la beauté des paysages triompha aux rangs des merveilles de ce monde. Dis-mois, est-ce que c’est beau le désert? Il n’y a pas de mot madame. 2 millions de mètres de sable alignés un après l’autre. Paisible, mais meurtrier. Chaud, mais froid. Vide de contenu, mais plein mystères. 
 
Lorsque je me réveillai tout courbaturé d’avoir dormit sur l’épaule de Geneviève, le soleil explosait sur la dune. Qu’est-ce que j’aurais donné pour descendre de ma cage de fer. Sentir le vent sur mon visage en pédalant au soleil levant. Planter la tente au milieu de cet espace sans repère géographique et s’endormir au son des hurlements des dingos. Gouter le sable qui grince entre mes dents. Quatre de mes sens criaient à l’injustice pendant que ma vision tentait de calmer la crise. Lorsqu’on est amoureux de la nature, on ne se satisfait jamais de regarder des images défiler comme au cinéma.
Au bout de 24h, le train s’immobilisa à la station de Kalgoorie. Il faisait nuit. Une nuit noire sans nuage et sans lune. Nous sommes descendus et avons regardé le train disparaître dans la noirceur du désert.  Nous y étions, perdus au milieu de nul part. Le début de la deuxième étape de cette aventure nomade. 

Lorsque les palpitations sont trop intenses, il est recommandé de prendre une longue et profonde bouffé d’air frais du désert. Avez-vous déjà goutés à la liberté?

dimanche 8 mai 2011

10 000 Jours


Avril 2011, un mois plein d’aventures et de rebondissements. Cela commença par un triste événement; l’anniversaire de mes 30 ans. 6h30 am, le téléphone sonna. C’était Romina et Francesco au bout du fil! En directe de Barcelone, ils me réveillèrent au son d’un joyeux anniversaire chanté en italien. Wow! Quelle belle surprise de la part de ces amis que je n’ai pas vu depuis 2 ans! De bonne humeur, je mis le pied hors du lit comme je l’ai fait environ 10 000 fois dans ma vie. Cette fois c’était avec une pénible douleur au dos. C’était bien assez pour me faire sentir vieux. Malgré le fait que j’étais en parfaite santé, ce n’était pas un moment spécialement magique pour moi. Ce n’est pas avec joie que quittai la vingtaine pour rejoindre la cours des gens sérieux. De plus, les hypothèques, les voitures et les échelons professionnels ne m’ont jamais intéressé. Peut-être que je saurai faire à ma façon encore 10 ans? Je l’espère! Geneviève était là pour me rassurer. Nous vieillirons à notre façon, en évitant les raccourcis faciles, les pièges à grand public qui rendent la vie moins colorée.

Par chance, j’ai reçu de super messages et vidéos de mes amis du Québec! Merci à tous! C’était une petite chaleur dans cette journée un peu morne où on aimerait bien avoir ses amis proche. Je tiens à remercier particulièrement David et Kaylene (une fois de plus) pour avoir roulé 500km dans le simple but de m’inviter au restaurant la soirée de mon anniversaire! Ils avaient pris soin de sélectionner un restaurant indien situé au bord de la mer. Bravo! Ils avaient tellement bien choisi!
 
Pour faciliter les choses, l’association des physiothérapeutes d’Australie refusa pour une troisième fois le dossier de Geneviève. Erreur à l’agenda, mauvaise organisation du temps, communication défaillante, les raisons furent toujours aussi ridicules. Il fallait donc remettre l’application au mois suivant. C’était la journée de mon anniversaire et cette mauvaise nouvelle tombait tout simplement mal. Un os difficile à avaler. Une douleur dans le c… comme on dit ici, en anglais.

Nous avons pris les grands moyens. Il n’y aura plus d’attente pour cette maudite organisation. Il n’y aura plus d’attente pour travailler ici. Nous ferons notre chemin en tant que voyageur. Nous n’aurons plus d’attente envers ces fonctionnaires qui se créent un monde imaginaire autour de formulaire en quatorze copies, authentifié par le pape Jean-Paul III. Nous nous sommes dit qu’on n’avait pas besoin d’eux pour faire notre route. S’il ne voulait pas de notre aide dans ce pays « en manque de main d’œuvre »,  on s’en sacrait pas mal! Nous gardons la tête haute. 
 
Retour sur la route. Nous avons alors entrepris de rencontrer un maximum de gens afin de rendre notre séjour plus joyeux. On pourrait dire sans trop se tromper que nous étions victime de la solitude. Notre statut de nomade nous rentrait dedans. Il fallait rencontrer des gens. Des jeunes motivés qui nous feraient distractions des obstacles vécues récemment. Couch Surfing s’avéra être la solution parfaite. 

Nous avons alors fait escale chez Huddo et Rebecca, deux Australiens qui nous ont hébergés à Adelaïde. Ils nous ont introduits aux principes de base du football australien (dit Aussie rules), le sport national de l’Australie. Les plus curieux pourront aller lire sur ce sport très intense et physique. Pour les autres, je me contenterai de résumé les règles comme étant un jeu de rugby où les passes doivent se faire obligatoirement en bottant le ballon. En gros, une quarantaine de  gros garçons en petite short courent pour un ballon et se frappent corps à corps sans équipement. Il s’agit d’un jeu où la délicatesse et la gentillesse brillent par leur absence. On regarde les blessés sortir sur des civières comme les voitures éclatée se faire remorquer hors d’une piste de Nascar. La foule est heureuse, divertie. 

Avant de pénétrer dans le stade,  Huddo prit soin de nous expliquer comment camoufler deux bouteilles de vodka dans nos pantalons. La boisson est trop chère à l’intérieur. Un semblant de déjà vu… J’ai depuis compris que, lors d’un événement, le prix de la boisson est généralement fixé en proportion avec le niveau de testostérone en présence. Si bien qu’on a conclue qu’il n’y avait pas d’argent à faire en vendant de la Molson Ex aux grands ballets canadiens. Dommage!

Le lendemain, Rebecca entrepris de nous emmener visiter un endroit où on peut approcher des pingouins. Fantastique! Un peu de chasse au petit gibier ne ferait pas de tort! Non, sans blague, nous avons fait la rencontre d’une dame qui dévoue sa retraite pour soigner une douzaine de petits pingouins blessés. Elle vit avec eux en permanence et les a nommé comme si c’était ses enfants. Au son de leurs noms, ils exécutent des pirouettes qu’elle leur a apprises. Au départ, cela me semblait être une vulgaire poigné d’animaux sauvages domestiqués, mais la dame me fît changer d’idées. Chaque pingouin avait son histoire et son caractère. Malgré leur apparence, chaque animal était vraiment unique, un peu comme des frères et soeurs. La dame avait cette habilité de transmettre sa passion pour sa famille un peu spéciale. Une belle rencontre!

Nous avons ensuite filé chez Rob et Helen qui nous ont hébergés dans une caravane gypsie située au fond d’une propriété de banlieue. Les deux Australiens ont hébergé d’innombrables voyageurs sur deux roues comme nous. Ils sont donc au courant de ce qui peut nous rendre heureux. Rob a tout d’abord fait l’acquisition de cette caravane de style gyspie du 20e siècle. Acheté directement d’un musée d’Australie, il n’est reste seulement deux autres dans le monde. Autrefois, des artistes, voleurs, originaux parcouraient la planète dans cette maison roulante tirée par des chevaux. C’était maintenant notre maison. Certains après-midi, Helen venait cogner à notre porte pour nous offrir quelques bières brassées-maison. Il aurait été facile d’y jeter l’ancre. Nous avons quand même conservé notre momentum et nous sommes partis vers Melbourne. Ce serait notre dernière escapade dans l’Est Australien. 
Nous avons pris une voiture à Adelaïde et nous avons conduit la « Great Ocean Road » en direction de Melbourne. Il s’agit d’une route magnifique qui longe le bord de la mer sur près de mille kilomètres. C’est sans doute un des voyages les plus spectaculaires au monde! Malheureusement, la route étroite et sinueuse se prête mal au cyclisme, il a donc fallu le faire en voiture. Chanceux comme nous sommes, nous avons trouvé une combine qui nous a permis de louer une voiture presque gratuitement pour trois jours! 



  
En chemin, nous avons profité de tous les instants pour monter la tente près de la mer. Nous avons cuisiné nos repas sur la plage en regardant le soleil descendre dans l’océan. Nous avons aussi fait la rencontre de plusieurs voyageurs. La majorité des jeunes qui voyagent en Australie font l’achat d’un mini-campeur dès leur arrivée. Ils bénéficient alors de plus de liberté dans leurs déplacements sans jamais avoir à payer pour l’hôtel. Nous avons passé une nuit avec un groupe de Français et Turques qui prenaient deux mois pour faire la route que nous avons faite en trois jours. Leur but était de s’arrêter dans chaque petit village pour y trouver du travail quelques jours. Au moment de notre rencontre, les voyageurs travaillaient dans une boulangerie. Responsables de vider les tablettes à la fin de leur journée de travail, ils avaient rapporté des sacs pleins de bouchées fines qu’ils distribuaient gratuitement.
 
Nous avons ensuite rejoint Melbourne. Un ancien collègue de Geneviève nous avait donné les coordonnées d’un couple de Québécois qui habitent à Melbourne depuis deux ans. C’est ainsi que Karine et Guillaume ont accepté de nous héberger dans la grande ville pour une dizaine de jours. Malgré le fait que la famille de Guillaume était déjà en visite, ils nous ont fait une place chez eux comme si nous étions des amis de longues dates. Karine, physiothérapeute a pu sympathiser avec Geneviève et raconter ses déboires avec l’association d’Australie. Puisque Karine a été refusé définitivement, elle a dû se rabattre à faire de la recherche pour centre universitaire. Ce n’était rien pour nous rassurer.

Lorsqu’on rencontre des voyageurs et qu’on leur demande quelle ville ils ont préférée, la réponse est souvent la même : Melbourne. Nous avons compris pourquoi. Il s’agit d’une ville ultra-moderne où l’art est mis au premier plan. Les gens s’y promènent dans leurs habits à la mode entre les bâtiments à l’architecture soignée. Tout est disposé pour rendre le paysage agréable à regarder. 
 
Nous ne sommes pas particulièrement des adeptes de la grande ville, mais nous avons beaucoup apprécié la visite de la vieille prison. On y fait entrer les visiteurs en simulant qu’ils ont commis un crime grave. Pendant deux heures complètes, on y vit la vie d’un prisonnier sur le point d’aller se faire exécuter sur la place publique. Enfermés avec des inconnus dans une cellule sans lumière fût une expérience assez traumatisante!
Nous avons aussi visité le musée national du sport. Vraiment impressionnant de voir toutes les pièces de collection rassemblées dans un même endroit! On pouvait y observer toutes les torches de tous les Jeux Olympiques du passé. Des vidéos présentaient tous les grands moments du sport de l’histoire. Il y avait aussi une section réservée aux grands aventuriers Australiens. Saviez-vous qu’une jeune fille de 16 ans a déjà fait le tour de la planète en solo sur son voilier? Impressionnant n’est-ce pas? 
 
Un message dans la nuit nous sorti du sommeil; Annie, la sœur de Geneviève venait d’accoucher! Une petite fille venait de naître en pleine forme! Une très bonne nouvelle que nous attendions depuis longtemps. Matante Geneviève et monnonc Pierre étaient très fier!

Il semblait que la générosité et la confiance des gens que nous rencontrions sur la route n’avait pas de limite. Alors que Guillaume et Karine sont partis en vacances en Tasmanie, ils nous avaient laissé leur voiture afin que nous puissions aller plonger dans une petite baie située à 100 km au Sud de Melbourne. Nous avons sauté sur l’occasion pour aller rafraichir nos notions de plongée. Rafraîchir était effectivement le bon mot, car l’eau était à 15 degrés à la surface! Nous avons fait comme des pros, sans instructeur cette fois! Nous avons maintenant une bonne confiance en nos moyens sous l’eau!  
 
De la même façon dont nous étions venus à Melbourne, nous avons loué une voiture « gratuite » pour revenir à Adelaïde. Cette fois, la voiture disponible était un campeur 4X4. Un jouet pour adulte qui compte brûler du gaz dans de grands espaces perdus. Nous en avons profité pour aller visiter le plus important centre d’escalade traditionnel en Australie. Certains voyageurs avouaient qu’il s’agissait du plus beau spot au monde. Nous avons eu une petite pensée pour Ti-Bum qui en aurait eu pour son argent sur une des 2000 voies traditionnelles disponibles en multi-pitch.
 
Le départ vers l’ouest était amorcé. Sans savoir ce qu’il y avait au bout du chemin…


vendredi 29 avril 2011

Rallye-Brasserie

Un jour, Geneviève me demandait quelle rencontre fût la plus marquante pour moi, depuis le début du voyage. Normalement, c’est le genre de question dont on fournit difficilement une réponse. On nous demande souvent « Quelle est le plus beau pays que tu aies visité? », « Où sont les gens les plus sympathiques? », etc. Toutes ces questions aboutissent rarement à des réponses précises. Nous avions rencontré un nombre phénoménal de gens en Australie. Mais au bout du chemin, que restera-t-il de tout cela? Malheureusement, la majorité des gens rencontré seront oubliés. Seulement quelques un resteront marqués dans nos mémoires.

 
Malgré tou cela, il était plutôt facile, pour moi, d’identifier la rencontre qui me marqua le plus en Australie. Alors que nous passions dans un petit village de l’arrière-pays, un camion s’immobilisa au milieu d’une rue. Le conducteur voulait visiblement nous parler. Nous venions de croiser le chemin d’Erko, un voyageur originaire d’Estonie qui avait trouvé du travail dans ce trou perdu au milieu de nulle part. C’était vers midi et Erko travaillait jusqu’à 5 heures. Il nous donna son adresse et nous invita à passer l’après-midi chez lui en attendant son retour. La clé était sous le tapis de l’entrée. Déjà, c’était plutôt spécial. De nos jours, il n’y a peu de gens qui donnent les clés de leur maison à des inconnus rencontrés dans la rue. La confiance aveugle n’existe plus. Cela nous intriguait donc, de découvrir qui était ce personnage différent des autres.
 
Erko, nous rejoint chez lui pour le souper et nous cuisina un risotto qu’il partagea avec les quatre autres colocataires qui habitaient la maison. Nous le connaissions seulement depuis quelques minutes et il agissait avec nous comme si nous étions des frères pour lui. Erko avait la bonne habitude de ponctuer chacun de ses phrases de grands éclats de rires et de larges sourires, une manie qui rendait son discours très florissant. Certaines personnes semblent être des messagers de la bonne humeur. Il fait partie de ce petit groupe sélect qui donne beaucoup d’énergie dans leurs interractions avec les autres. Je ne pouvais m’empêcher de penser à Simon et Anne-Marie, au Québec, qui ont les mêmes pouvoirs. 

Erko nous raconta comment il a grandi dans une commune d’ex-URSS avec des gens comme lui, qui favorisait une meilleure communication entre les gens du village. La commune grandit en popularité et fût nommée responsable d’organiser toutes les activités de la communauté. A la blague, Erko nous disait que « s’il n’y a pas de cinéma où tu habites, il faut faire son propre cinéma. » Dans cette petite municipalité d’Australie, il s’était donc inscrit dans la chorale et connaissait maintenant tout le monde. Marcher dans les rues du village avec lui me rappelait les sorties au pub universitaire avec Simon. Il ne passait pas 10 secondes sans que quelqu’un l’intercepte pour lui parler. Erko prenait toujours soin de rendre chaque rencontre très colorée. Pour cette raison, Erko gardera une place bien spéciale dans notre mémoire.   

La vodka (une rencontre avec des Russes l'oblige) avait bien fait son effet et nous sommes repartis avec un solide mal de tête. Heureusement que le vent s’était retourné! Nous avions désormais un vent de dos qui nous gardait de bonne humeur malgré la gueule de bois. 
 
Nous avions alors gardé l’habitude de faire du camping sauvage tous les soirs. Une nuit, nous avons posé la tente sous une passerelle qui supportait  une voie ferrée. C’était le seul endroit que nous avions pu trouver à l’écart de la route. Nous roulions sur une plaine sans arbre et les abris pour itinérants se faisaient rares. Ce qui nous semblait une bonne idée au départ fût, en vérité, une énorme erreur. Le trafic ferroviaire fût incessant cette nuit-là. A chaque heure, le passage d’un train au-dessus nous tira hors du sommeil en simulant une fin du monde sonore. Une expérience assez traumatisante. 
 
Lorsque nous avons rejoint Port Lincoln, la seule vraie ville que nous aillions croisé depuis deux semaines, deux jeunes femmes sont venus à notre rencontre, intriguées par l'allure de nos vélos. Les deux Australiennes étaient des journalistes pour ABC, une chaîne de radio nationale. Elles cachaient difficilement leur intérêt pour notre voyage. En fait, elles désiraient nous inviter à la station pour en discuter publiquement, en onde. Nous étions un peu gênés d’accepter l’invitation, croyant que nos histoires ne sauraient éveiller l’intérêt du grand public. Nous avons quand même tenté notre chance. 
 
De retour à Port Pirie, après avoir rebroussé chemin devant de désert, nous ne savions plus trop où aller. Nous étions dans une attente éternelle pour voir l’application de Geneviève se faire accepter en tant que physiothérapeute.  Il nous fallait donc étirer notre route en attendant. Nous avons donc décidé de reprendre la route vers la vallée de Clare, une région reconnue internationalement pour ses bons vins, plus précisément ses rieslings et ses shiraz.  
 
Fidèles à leurs bonnes habitudes, David et Kaylene nous ont invités à un déjeuner familial dans un parc près de Port Pirie. Ici aussi, nous pouvons profiter de ces bons vieux déjeuners anglais : œufs, bacon, fèves au lard, etc. Avant notre départ, Kaylene prit soin de nous laisser les coordonnées de sa sœur qui habite dans la région de Clare. 
 
C’est ainsi que nous avons fait la rencontre de Fiona, la sœur de Kaylene. Dans sa maison juchée au sommet d’un vignoble, elle nous reçut chaleureusement dans une ambiance décontractée. Autour d’un BBQ typiquement australien, elle nous raconta plusieurs anecdotes sur la région. Elle qui est propriétaire du seul salon de coiffure du village en avait beaucoup à raconter. J’ai toujours su que toute bonne coiffeuse se doit d’avoir un côté social très développé. Du moins, c’est de la façon dont je les imagine. Cela fait des années que j’évite les salons de coiffure! 
 
Notre tour de cyclotourisme prenait alors des tournures de rallye-brasserie. A chaque arrêt dans un vignoble, nous profitions des dégustations gratuites de vins qui se vendaient généralement dans les trois chiffres. Geneviève appréciait particulièrement la descente du dispendieux liquide dans le gosier. Personnellement, je me sentais un peu mal de pas faire de différence entre mon bon vieux cochon-mignon et ces bouteilles qu'on nous sert le petit doigt relevé. Dans ces institutions réservées à la haute société, on sent la nécessité de simuler une certaine connaissance du produit. Le mensonge me paraît un peu gros dans mon cas. Enfin, après une vingtaine d’arrêts dans des vignobles renommés dans la vallée de Clare et dans la vallée de Borrassa, je ne suis pas plus connaisseur et j’apprécie tout autant ma bonne vieille piquette à 5$!
 
Entre deux gorgée de vin, nous avons visité une mine de cuivre, telle que recommandée par Ariane. Malheureusement, nous n’avons pas pu rencontrer de minier à l’œuvre, car la mine à ciel ouvert était fermée depuis près de 100 ans. Mais, comme tu le dis Ariane, « la géologie c’est vraiment intéressant ». Voici donc à quoi ressemble donne une mine de cuivre à ciel ouvert inondée : des couleurs hallucinogènes éparpillées comme un travail de fin de session d'un gradué de la maternelle. 
 
Autre expérience hallucinogène, nous avons dormi sur un terrain de camping où séjournaient une cinquantaine de cueilleurs de fruits Français. Pas un anglophone autour, nous avons assisté à une soirée bruyante, enfumée et colorée telle qu’on les connait bien en France. Ce genre de soirée nous faisait sourire, mais ne cadrait pas très bien dans nos objectifs de voyages.  
 
Nous avons plutôt cherché les endroits pour faire un peu d’activité physique. En route, il y avait plusieurs terrains de golf très accessibles, mais aucun d’eux ne louaient des bâtons.  Fait particulier, les faibles précipitations de l’Australie ne permettent pas d’entretenir des verts convenablement. On taille alors des vieux pneus en grenailles de caoutchouc qu’on utilise pour surfacer le tour des trous. Il faut donc passer un coup de râteau dans les traps et sur les verts! En raison de notre manque d’équipement, nous nous sommes rabattus sur le Tennis. Nous avons cruellement réalisé que nous n’étions plus en forme pour ce genre de sport. Pendant trois jours j’ai eu de la difficulté à me déplier le dos! Je vous l’assure, le vélo n’est pas un sport tellement complet!

Le temps de prononcer « Nabuchodonosor-roi-de-Babylone », nous étions de retour à Adelaïde! Juste à temps pour que Geneviève assiste à un cours d’acuponcture destiné aux physiothérapeutes. Maintenant, qu’ils lui donne le droit de travailler ici! Bientôt, elle sera trop qualifiée pour eux!


samedi 23 avril 2011

On the Road... Again!

Nous étions de retour sur la route.  Après un long séjour avec David et Kaylene qui nous ont traités comme des rois. Pour l’instant de dix jours, nous étions redevenus des sédentaires paresseux bien engraissés par une abondance omniprésente. Il a donc fallu combattre la loi du moindre effort et enfourcher nos vélos de nouveau. Ce ne fût pas chose facile, mais nous savions que notre vrai domicile était sur la route.

Pour devenir de meilleures personnes, nous avons choisi de vivre comme des nomades. Nous avons préféré courir à la rencontre des gens qui ont beaucoup à partager, mais qui sont retenus par une société froide et individualiste. En parcourant des milliers de kilomètres à vélo, on se place dans une situation de faiblesse qui ouvre la porte à toutes sortent d’échanges entre les humains. L’altruisme est à son paroxysme. Il y avait donc une  bonne raison de retourner sur la route, là où ne connaissions personne. Nous avons alors réapprivoisé  nos vélos et nous sommes partie sur la côte de la péninsule Eyre, sans aucun autre but que de laisser le hasard nous surprendre. 
 
La route déserte s’étirait au bord de la mer en traversant des forêts d’arbres géants. Parfois, nous avions l’impression de voyager dans un tunnel organique. Les arbres se rejoignaient au-dessus de nos casques, cachant la vue sur le bleu qui colorait le ciel en cette journée ensoleillé. Malgré que nous avions perdu notre forme physique, le paysage nous motivait à pousser un peu plus loin. C'était une journée fraîche, parfaite pour l’exploration. Une superbe journée pour aller jouer dehors et respirer un peu d’air salin. Lorsque le soleil tourna vers le rouge, nous avons bifurqué vers une dune de sable qui allait mourir dans l’océan. Nous savions que ce n’était pas recommandé de planter sa tente sur une dune de sable, mais nous nous sommes dit qu’on s'en foutait pas mal des recommandations. Nous ne l’avons pas regretté. Jamais il n’y a eu autant d’étoiles dans le ciel.
 
Alors que nous faisions notre route vers le Nord, nous étions surpris à quel point la route était déserte. À chaque jour, nous croisions seulement quelques fermiers dans leur camion. La route était à nous. Nous étions bien heureux de pouvoir rouler côte à côte. Il est plutôt rare qu’on puisse se raconter des histoires en roulant. J’ai toujours apprécié la présence de Geneviève. Chaque jour, elle ne manque pas de me faire rire d’une manière ou d’une autre. Heureusement qu’elle était là, car la population des villages que nous croisions se comptaient en dizaines. Il y avait peu de monde à rencontrer. Il y avait peu de monde pour apprécier la beauté de l’endroit. 
 
Alors que nous pédalions au bord d’une falaise qui se jette dans la mer, nous avons fait la rencontrer de trois jeunes surfeurs en train de cirer leurs planches. Pour une session de surf de quelques minutes, ceux-ci doivent prendre de grands risques. Cela commence par la descente du mur de la falaise avec une planche en main. Le surfeur doit ensuite s’élancer dans l’eau glacée au bon moment pour ne pas se faire prendre par une vague qui vient se fracasser contre le rocher. Il suffit ensuite de surfer au-dessus d’un récif de corail ultra coupant en s’assurant de ne jamais tomber. Une chute sur un corail assurerait de vilaines blessures.  Enfin, quelques gouttes de sang suffiraient pour attirer les grands requins blancs qui sont très présents sur les côtes sud australiennes. En discutant avec les surfeurs en présence, l’un d’eux me confia le truc pour éviter la catastrophe. Il suffit de rester concentré et de garder le focus sur l’important : surfer la vague. Une logique à toute épreuve.
 
Un jour, nous sommes passés dans le petit village d’Elliston afin de faire le plein de pain et de beurre d’arachides. Nous sommes tout d’abord arrêtés au kiosque d’information touristique afin de vérifier nos directions. La bénévole en fonction nous décrivit avec passion tous les attraits de la région. Selon elle, il fallait absolument faire la boucle de 40 km  qui nous mènerait au bord de la mer et qui nous ferait voir les différentes sculptures des artistes locaux. Le seul problème c’est que nous étions en vélo et que nous avions visiblement la mine fatiguée. La journée était bien avancée et il ne restait que peu de motivation pour allonger notre route dans la mauvaise direction. Mais la dame refusa de nous voir partir sans avoir tout d’abord monté toutes les collines de la région. Elle entreprit donc de nous faire visiter son village dans sa voiture personnelle. Un geste généreux qui lui valut le méritas de bénévole touristique de l’année, discerné par  Geneviève et Pierre! En échange, elle nous fît promettre de passer le mot sur la magnifique municipalité d’Elliston. Voilà madame, c’est fait!
 
Alors que nous étions dans la voiture de cette gentille dame, nous avons aperçu deux vélos aussi chargés que les nôtres. Un couple de cyclistes roulait dans la même direction que nous.  Nous avons donc fait un arrêt pour aller à leur rencontre. Harry et Imka sont originaire d’Autriche et Allemagne. Ils étaient, eux aussi, au milieu de leur traversée du grand pays. Cette rencontre nous rappela un peu celle de Fransesco et Romina en Asie. Nous avions tant de bons souvenirs de cette rencontre que nous avons sauté sur l’occasion pour partager la route avec eux. 
 
Harry est un homme de 40 ans au cœur jeune de 20 ans. Il a déjà traversé les États-Unis, le Nord de l’Australie, la Tasmanie, le Canada et plusieurs pays d’Europe sur son vélo. Un ‘’vrai’’ comme on peut le qualifier. Imka, 36 ans qui ressemble à une fille de 25 ans, en est à son premier voyage à vélo. Elle qui a soutenu son copain pendant  10 ans alors qu’il roulait partout sur la planète. En 2011, elle a décidé de se joindre à l’expédition. 
 
Nous étions maintenant quatre à rouler, à se soutenir et à partager des repas et de nouvelles histoires. Le hasard avait bien fait son travail! Les moments partagés sur la route furent mémorable. Ensemble, nous avons fait quelques détours pour visiter une pointe ou se réfugient des loutres de mer. Nous avons aussi roulé vers cet endroit qui laisse croire que les extraterrestres sont venus sur Terre. Au milieu d’un champ se trouve cinq gros rochers façonnés par le temps à la manière d’énorme vagues. Un décor surréaliste qui suggère aux visiteurs de se laisser aller sur la prise de photos. 
 
Alors que nous avions de nouveaux compagnons de route, nous apprenions beaucoup sur leur façon de voyager. Contrairement à nous, ils se refusaient systématiquement tout camping dans les villes et villages. Ils préconisaient plutôt le camping sauvage dans la forêt et les douches froides des airs de repos. Cette façon de voyager leur permettrait de traverser le pays en dépensant seulement la modique somme de 1500$. Un exploit que nous saluons bien bas. Cette rencontre nous fît réaliser que, malgré tout, nous vivions une vie luxueuse de nomades. Il nous arrivait souvent de se payer un terrain de camping afin de prendre une douche chaude et se cuisiner un peu de kangourous sur le BBQ. Nous avions désormais le sentiment de surconsommer. Nous avons donc convenu de ralentir notre rythme de vie et de se limiter à l’essentiel, comme nos amis. Ce fût le début d’un voyage plus fort en aventure. Merci Harry et Imka!
 
Nos deux amis se dirigeaient alors à l’entrée du désert. Pour les raisons mentionnées dans le message précédant, il nous était impossible de les suivre dans cette nouvelle aventure. Nous avons donc dû rebrousser chemin. Douloureux retour en arrière. Physiquement parce que le vent se retournait contre nous et mentalement, surtout, parce que nous renoncions au défi qui se présentait devant nous. Nous avons donc fait nos adieux à nos deux amis et leur avons fait promettre de profiter du désert pour nous! Pour aider notre sort, dame nature nous servit une journée froide avec une pluie intense qui dura 10 heures. Chaque instant nous portions notre lourd fardeau de doutes sur notre choix de rebrousser chemin. Il sembla même que la nature luttait contre cette décision. Nous avons quand même fait à notre tête et avons roulé sans arrêt pendant six heures. Nous ne pouvions nous arrêté de peur de geler sous cette pluie glaciale et ce vent froid de 10 degrés. Nous avons donc dîné sur nos vélos, sans jamais arrêter.

Alors que nous étions loin de toutes grandes villes, la population aborigène d’Australie se faisait de plus en plus présente. Cette communauté présente de fortes ressemblances avec les Amérindiens du Canada.  Peuple fortement supporté par le gouvernement fédéral, on assiste aujourd’hui à la dégradation de leur traditions et coutumes au profil de la boisson, des drogues et de la violence. Le racisme chez l’Australien moyen est palpable. Ici aussi on sent la rage des contribuables qui financent la déchéance de cette population qu’on tente de redresser à coup de milliards de dollars. Il faudra peut-être un jour se rendre à l’évidence, l’argent n’est pas le remède contre tous les maux. Souvent, il est plutôt le poison qui les entretiennent. 

Erreur de planification, distraction au programme, nous avions oublié de faire le plein de nourriture avant que le weekend ne commence. Pour trois jours, tous les supermarchés des villages seraient fermés et il ne nous restait plus de carburant dans les sacs. Nous avions seulement trouvé un sac de pain sec acheté à fort prix dans un truck stop d’un trou perdu. Nous avons alors débuté une longue croisade à la recherche de nourriture. 

Cela commença par la rencontre de ce long barbu de soixante quelques années dans sa camionnette VW. Il revenait d’un voyage de pêche qui s’est étiré sur plusieurs mois dans la nature de la Tasmanie. Adepte de la solitude et de la nature, il reconnut en nous un semblant de confrérie. Il nous offrit donc des thés chauds, pain aux fruits et biscuits secs pour nous donner l’énergie de rouler encore quelques kilomètres. Avec le froid qui commençait à sévir, un peu de carburant ne ferait pas de tort!

Un peu plus loin (ou peut-être c’était un autre jour), nous avons fait une pause dans un village désert. Nous avons cherché, mais impossible de trouver la moindre âme vivante. Une ambiance lugubre, surtout lorsqu’on manque de nourriture, de sommeil et de soleil. Au tournant d’une rue poussiéreuse, nous avons alors aperçu une dame qui venait à notre rencontre. Elle reconnut que ce n’était pas des conditions pour trainer dans la nature et elle nous invita chez elle, la seule maison fleurit du village. Un peu de chaleur et de nourriture nous donna encore l’énergie de poursuivre notre route.

Un autre jour, alors que nous étions encore à cours de vivres, nous avions planté la tente au bord de la route, dans un endroit tranquille, isolé de tout. Dans un autre coup de chance, une camionnette de style hippy vient s’installer tout près de notre tente pour y passer la nuit. Les Français qui la conduisaient nous offrirent vin, chocolat et fruits! Quel régal! Encore une fois, nous avions l’énergie de poursuivre. Le lendemain, nous avons rencontré une jeune instructrice de kayak qui se dirigeait vers l’ouest avec sa voiture transformé en campeur. Elle nous a offert une dizaines de muffins que sa mère lui avait cuisiné avant son départ. Nous nous comptions très chanceux. 
 

Encore une fois, il était étonnant de réaliser à quel point les gens pouvaient être généreux. Évidemment, on ne désire jamais se retrouver dans cette situation, mais finalement, nous nous en sommes sorti plutôt bien. En quelques jours, nous avions rencontré plus de gens que jamais auparavant. Nous avons enfin rejoint un supermarché ouvert et, pour deux dollars, nous avons pris une douche chaude dans un truck stop. Nous étions comme neufs! En pleine forme et prêts pour une autre série d’aventures.