dimanche 8 mai 2011

10 000 Jours


Avril 2011, un mois plein d’aventures et de rebondissements. Cela commença par un triste événement; l’anniversaire de mes 30 ans. 6h30 am, le téléphone sonna. C’était Romina et Francesco au bout du fil! En directe de Barcelone, ils me réveillèrent au son d’un joyeux anniversaire chanté en italien. Wow! Quelle belle surprise de la part de ces amis que je n’ai pas vu depuis 2 ans! De bonne humeur, je mis le pied hors du lit comme je l’ai fait environ 10 000 fois dans ma vie. Cette fois c’était avec une pénible douleur au dos. C’était bien assez pour me faire sentir vieux. Malgré le fait que j’étais en parfaite santé, ce n’était pas un moment spécialement magique pour moi. Ce n’est pas avec joie que quittai la vingtaine pour rejoindre la cours des gens sérieux. De plus, les hypothèques, les voitures et les échelons professionnels ne m’ont jamais intéressé. Peut-être que je saurai faire à ma façon encore 10 ans? Je l’espère! Geneviève était là pour me rassurer. Nous vieillirons à notre façon, en évitant les raccourcis faciles, les pièges à grand public qui rendent la vie moins colorée.

Par chance, j’ai reçu de super messages et vidéos de mes amis du Québec! Merci à tous! C’était une petite chaleur dans cette journée un peu morne où on aimerait bien avoir ses amis proche. Je tiens à remercier particulièrement David et Kaylene (une fois de plus) pour avoir roulé 500km dans le simple but de m’inviter au restaurant la soirée de mon anniversaire! Ils avaient pris soin de sélectionner un restaurant indien situé au bord de la mer. Bravo! Ils avaient tellement bien choisi!
 
Pour faciliter les choses, l’association des physiothérapeutes d’Australie refusa pour une troisième fois le dossier de Geneviève. Erreur à l’agenda, mauvaise organisation du temps, communication défaillante, les raisons furent toujours aussi ridicules. Il fallait donc remettre l’application au mois suivant. C’était la journée de mon anniversaire et cette mauvaise nouvelle tombait tout simplement mal. Un os difficile à avaler. Une douleur dans le c… comme on dit ici, en anglais.

Nous avons pris les grands moyens. Il n’y aura plus d’attente pour cette maudite organisation. Il n’y aura plus d’attente pour travailler ici. Nous ferons notre chemin en tant que voyageur. Nous n’aurons plus d’attente envers ces fonctionnaires qui se créent un monde imaginaire autour de formulaire en quatorze copies, authentifié par le pape Jean-Paul III. Nous nous sommes dit qu’on n’avait pas besoin d’eux pour faire notre route. S’il ne voulait pas de notre aide dans ce pays « en manque de main d’œuvre »,  on s’en sacrait pas mal! Nous gardons la tête haute. 
 
Retour sur la route. Nous avons alors entrepris de rencontrer un maximum de gens afin de rendre notre séjour plus joyeux. On pourrait dire sans trop se tromper que nous étions victime de la solitude. Notre statut de nomade nous rentrait dedans. Il fallait rencontrer des gens. Des jeunes motivés qui nous feraient distractions des obstacles vécues récemment. Couch Surfing s’avéra être la solution parfaite. 

Nous avons alors fait escale chez Huddo et Rebecca, deux Australiens qui nous ont hébergés à Adelaïde. Ils nous ont introduits aux principes de base du football australien (dit Aussie rules), le sport national de l’Australie. Les plus curieux pourront aller lire sur ce sport très intense et physique. Pour les autres, je me contenterai de résumé les règles comme étant un jeu de rugby où les passes doivent se faire obligatoirement en bottant le ballon. En gros, une quarantaine de  gros garçons en petite short courent pour un ballon et se frappent corps à corps sans équipement. Il s’agit d’un jeu où la délicatesse et la gentillesse brillent par leur absence. On regarde les blessés sortir sur des civières comme les voitures éclatée se faire remorquer hors d’une piste de Nascar. La foule est heureuse, divertie. 

Avant de pénétrer dans le stade,  Huddo prit soin de nous expliquer comment camoufler deux bouteilles de vodka dans nos pantalons. La boisson est trop chère à l’intérieur. Un semblant de déjà vu… J’ai depuis compris que, lors d’un événement, le prix de la boisson est généralement fixé en proportion avec le niveau de testostérone en présence. Si bien qu’on a conclue qu’il n’y avait pas d’argent à faire en vendant de la Molson Ex aux grands ballets canadiens. Dommage!

Le lendemain, Rebecca entrepris de nous emmener visiter un endroit où on peut approcher des pingouins. Fantastique! Un peu de chasse au petit gibier ne ferait pas de tort! Non, sans blague, nous avons fait la rencontre d’une dame qui dévoue sa retraite pour soigner une douzaine de petits pingouins blessés. Elle vit avec eux en permanence et les a nommé comme si c’était ses enfants. Au son de leurs noms, ils exécutent des pirouettes qu’elle leur a apprises. Au départ, cela me semblait être une vulgaire poigné d’animaux sauvages domestiqués, mais la dame me fît changer d’idées. Chaque pingouin avait son histoire et son caractère. Malgré leur apparence, chaque animal était vraiment unique, un peu comme des frères et soeurs. La dame avait cette habilité de transmettre sa passion pour sa famille un peu spéciale. Une belle rencontre!

Nous avons ensuite filé chez Rob et Helen qui nous ont hébergés dans une caravane gypsie située au fond d’une propriété de banlieue. Les deux Australiens ont hébergé d’innombrables voyageurs sur deux roues comme nous. Ils sont donc au courant de ce qui peut nous rendre heureux. Rob a tout d’abord fait l’acquisition de cette caravane de style gyspie du 20e siècle. Acheté directement d’un musée d’Australie, il n’est reste seulement deux autres dans le monde. Autrefois, des artistes, voleurs, originaux parcouraient la planète dans cette maison roulante tirée par des chevaux. C’était maintenant notre maison. Certains après-midi, Helen venait cogner à notre porte pour nous offrir quelques bières brassées-maison. Il aurait été facile d’y jeter l’ancre. Nous avons quand même conservé notre momentum et nous sommes partis vers Melbourne. Ce serait notre dernière escapade dans l’Est Australien. 
Nous avons pris une voiture à Adelaïde et nous avons conduit la « Great Ocean Road » en direction de Melbourne. Il s’agit d’une route magnifique qui longe le bord de la mer sur près de mille kilomètres. C’est sans doute un des voyages les plus spectaculaires au monde! Malheureusement, la route étroite et sinueuse se prête mal au cyclisme, il a donc fallu le faire en voiture. Chanceux comme nous sommes, nous avons trouvé une combine qui nous a permis de louer une voiture presque gratuitement pour trois jours! 



  
En chemin, nous avons profité de tous les instants pour monter la tente près de la mer. Nous avons cuisiné nos repas sur la plage en regardant le soleil descendre dans l’océan. Nous avons aussi fait la rencontre de plusieurs voyageurs. La majorité des jeunes qui voyagent en Australie font l’achat d’un mini-campeur dès leur arrivée. Ils bénéficient alors de plus de liberté dans leurs déplacements sans jamais avoir à payer pour l’hôtel. Nous avons passé une nuit avec un groupe de Français et Turques qui prenaient deux mois pour faire la route que nous avons faite en trois jours. Leur but était de s’arrêter dans chaque petit village pour y trouver du travail quelques jours. Au moment de notre rencontre, les voyageurs travaillaient dans une boulangerie. Responsables de vider les tablettes à la fin de leur journée de travail, ils avaient rapporté des sacs pleins de bouchées fines qu’ils distribuaient gratuitement.
 
Nous avons ensuite rejoint Melbourne. Un ancien collègue de Geneviève nous avait donné les coordonnées d’un couple de Québécois qui habitent à Melbourne depuis deux ans. C’est ainsi que Karine et Guillaume ont accepté de nous héberger dans la grande ville pour une dizaine de jours. Malgré le fait que la famille de Guillaume était déjà en visite, ils nous ont fait une place chez eux comme si nous étions des amis de longues dates. Karine, physiothérapeute a pu sympathiser avec Geneviève et raconter ses déboires avec l’association d’Australie. Puisque Karine a été refusé définitivement, elle a dû se rabattre à faire de la recherche pour centre universitaire. Ce n’était rien pour nous rassurer.

Lorsqu’on rencontre des voyageurs et qu’on leur demande quelle ville ils ont préférée, la réponse est souvent la même : Melbourne. Nous avons compris pourquoi. Il s’agit d’une ville ultra-moderne où l’art est mis au premier plan. Les gens s’y promènent dans leurs habits à la mode entre les bâtiments à l’architecture soignée. Tout est disposé pour rendre le paysage agréable à regarder. 
 
Nous ne sommes pas particulièrement des adeptes de la grande ville, mais nous avons beaucoup apprécié la visite de la vieille prison. On y fait entrer les visiteurs en simulant qu’ils ont commis un crime grave. Pendant deux heures complètes, on y vit la vie d’un prisonnier sur le point d’aller se faire exécuter sur la place publique. Enfermés avec des inconnus dans une cellule sans lumière fût une expérience assez traumatisante!
Nous avons aussi visité le musée national du sport. Vraiment impressionnant de voir toutes les pièces de collection rassemblées dans un même endroit! On pouvait y observer toutes les torches de tous les Jeux Olympiques du passé. Des vidéos présentaient tous les grands moments du sport de l’histoire. Il y avait aussi une section réservée aux grands aventuriers Australiens. Saviez-vous qu’une jeune fille de 16 ans a déjà fait le tour de la planète en solo sur son voilier? Impressionnant n’est-ce pas? 
 
Un message dans la nuit nous sorti du sommeil; Annie, la sœur de Geneviève venait d’accoucher! Une petite fille venait de naître en pleine forme! Une très bonne nouvelle que nous attendions depuis longtemps. Matante Geneviève et monnonc Pierre étaient très fier!

Il semblait que la générosité et la confiance des gens que nous rencontrions sur la route n’avait pas de limite. Alors que Guillaume et Karine sont partis en vacances en Tasmanie, ils nous avaient laissé leur voiture afin que nous puissions aller plonger dans une petite baie située à 100 km au Sud de Melbourne. Nous avons sauté sur l’occasion pour aller rafraichir nos notions de plongée. Rafraîchir était effectivement le bon mot, car l’eau était à 15 degrés à la surface! Nous avons fait comme des pros, sans instructeur cette fois! Nous avons maintenant une bonne confiance en nos moyens sous l’eau!  
 
De la même façon dont nous étions venus à Melbourne, nous avons loué une voiture « gratuite » pour revenir à Adelaïde. Cette fois, la voiture disponible était un campeur 4X4. Un jouet pour adulte qui compte brûler du gaz dans de grands espaces perdus. Nous en avons profité pour aller visiter le plus important centre d’escalade traditionnel en Australie. Certains voyageurs avouaient qu’il s’agissait du plus beau spot au monde. Nous avons eu une petite pensée pour Ti-Bum qui en aurait eu pour son argent sur une des 2000 voies traditionnelles disponibles en multi-pitch.
 
Le départ vers l’ouest était amorcé. Sans savoir ce qu’il y avait au bout du chemin…