lundi 28 juillet 2008

Montréal - Québec

La route est longue… Celle qui sépare les deux grandes villes s’étend sur des miles d’asphaltes. Un peu de pelouse entre les deux voies pour éviter tout face-à-face mortel; il y a bien peu de distractions lorsqu’on roule sur la 20 ou sur la 40. Personnellement, je préfère la 20 parce qu’à un moment donné, vers Drummondville, on à la chance de croiser Jurassique Park en version truck stop! C’est l’apogée de l’excitation. Des Monster trucks et des dinosaures rassemblés, je capote! Quelques secondes d’excitation et, complètement las, je fonce en rêvant au stade olympique. L’impatience est à son maximum. C'est la même histoire à chaque fois!

Il existe pourtant une solution à cet écœurement routier: la 138. Je vous le dis : cette route est tellement belle entre Montréal et Québec qu’on lui a donné un nom propre : Le chemin du roi!

Allez-Hop! C’est partie pour un petit week-end de vélo au Québec. Pour reprendre l’expression de Karl que j’aime bien : « cet été je visite mon pays! ». Une première expérience de vélo de plusieurs jours avec Geneviève. Ca s’annonce une belle aventure! Si son genoux tient le coup, nous allions pédaler de Montréal à Québec, soit environ 300km, en 2 ½ jours.

16h vendredi : Fin de la semaine de travail, il faut me rendre à Montréal en bus pour rejoindre Geneviève avec les deux vélos qui sont chez moi, à Québec. Je quitte donc le bureau avec tous mes bagages sur le dos et le vélo à Geneviève sous mes pieds. Ensuite, je transforme le comptoir d’expédi-bus en atelier de mécanique. Je n’ai jamais démonté deux vélos en si peu de temps. 15 minutes, les deux vélos étaient dans des boîtes! Cet exploits me fît suer à grosses goutes et cela faisait bien rigoler les 2 commis au comptoir qui n’avaient visiblement pas envie de me donner un coup de main. Il me restait 15 minutes pour faire le plein de calories avant le départ du bus. Pour la modique somme de 10$ je fie l’acquisition d’un magnifique club sandwich chez Valentine qui allait me graisser le dalot bien égal. A mon retour sur le quai d’embarquement, le distingué conducteur d’autobus me fit remarqué que « tabarnak c’est pas une place pour mettre des vélos » et que « crisse que je suis dans les jambes de tout le monde». Sur ces mots tendres, je désirais connaître le nom de ce sympathique personnage:
- M’en va tel dire moé cé quoi mon nom : Serge monsuiseusu…
- Serge qui?
- Ah ben pi té sourd en plus câlisse!

Ravi d’avoir payé 75$ pour mon billet et de jouir d’un tel service, je pris rapidement une bouchée dans mon club sandwich, ce qui me força à fermer ma gueule pendant quelques secondes, le temps que je laisse passer cette petite frustration que le fâcheux était en train de me transmettre. Je fis ce qui me semblait de mieux en ces circonstances : un beau grand sourire et je le remerciai pour sa gentillesse. Pauvre type…

A suivre...

lundi 7 juillet 2008

Yay!

2000 km dans les pédales…. Ca y est, c’est fait! Aujourd’hui, je comprends mieux le potentiel du vélo. Avant de me lancer moi-même sur la route, j’avais du mal à imaginer comment il est possible de sillonner des milliers de km sans brûler d’hydrocarbure. Maintenant je le sais… je sais que la motivation est le gaz qui peut nous propulser sur de nouveaux chemins pendant toute une vie.

C’est bizarre quand même. Lorsque je franchissais la 2000e borne, je me retrouvais à 50 mètres de l’endroit où j’avais franchi mon premier millier de km. Comme un jeu de Monopoly, j’étais de retour à la case départ. J’ai même l’impression de passer GO à chaque fois que je reçois mon chèque de paye et de faire un peu de prison le jour au travail! Cela me fit réfléchir. Est-ce que cette vie articulée autour d’une carrière n’est pas aussi absurde qu’une partie de Monopoly? Avez-vous déjà remarqué que dans ce jeu, on paye 50$ lorsqu’on prend le train, mais on ne va jamais nulle part? On tourne… jusqu’à ce que la partie soit finie.

Combien de gens vivent et meurent sans jamais sortir de la spirale, parce qu’ils espèrent, un jour, acheter leur maison sur Boardwalk? Le jeu de la société moderne tourne. Peu de gens cherche la sortie. Dans un esprit de conservatisme et de sécurité, on se laisse guider… le voyage est smooth. «On s’engage comme bétail, pas de malheur, pas de bonheur » -R. Desjardins.

M’enfin, me voilà sur cette piste cyclable. Beaucoup d’heures d’effort sous la pluie avec le vent dans le nez, une fatigue grandissante, 5 chutes, 3 crevaisons, des douches polluées au dégraisseur à moteur, des Pontiacs avec leur collant « Liberté » qui me frisent les oreilles, des jeunes insouciants qui s’amusent à me pointer avec leur fusil d’apprenti guerrier : C’était le prix à payer pour échanger sa voiture contre un vélo. En retour, on obtient des soleils généreux, des paysages jamais photographiés, le silence de la campagne, une condition physique à tout casser, une indépendance totale, un compte de banque accessoire. Certes, ce style de vie me convient, mais l’ultime jouissance c’est de se sentir invincible. "I read somewhere... how important it is in life not necessarily to be strong... but to feel strong." –Chris McCandless. Si on accepte cette idée, les obstacles franchis sont des médailles et les épreuves deviennent des opportunités de grandir.