mercredi 1 avril 2009

Au sommet de l'Indochine!

Nous avançons sur une route qui sera inondée dans les prochains mois par le nouveau projet hydroélectrique. En préparation à la grande catastrophe, les bulldozers s'affairent à construire des routes qui seront taillées plus haut dans les montagnes. Le nouveau chemin en construction surplombe d'une centaine de mètres celui où nous roulons. Lorsque plus haut, une pelle mécanique déclenche une avalanche de pierres qui menacent de nous écraser, il faut pédaler fort pour éviter d'y laisser sa peau. A défaut d'avoir des normes de sécurité sur les chantiers de construction, un klaxon d'enfer signal les dangers qui proviennent de tous les côtés.

Nous quittons cette vallée (qui deviendra un lac) pour pédaler sur une route qui nous a été conseillé par Denis (famille Roux). Un col de 30 km, 2000m de dénivelé sans jamais dépasser les 6 km/h! Pour Denis, ancien coureur du tour de France, cela devait être un détail qu'il a oublié de nous dire, mais pour nous c'était du jamais vu! Nous affrontons le monstre sous un ciel bleu foncé, sans trace de nuage. Le soleil nous frappe sur la caboche. La montée est si abrupte et longue qu'elle nous donne l'impression que ce que nous tentons d'accomplir est exagéré. Malgré l'effort nécessaire pour atteindre le sommet, nous ne pouvons nous habituer au paysage qui nous entoure. A chaque courbe du lacet, une nouvelle vue sur la vallée qui s'efface tranquillement derrière un filet fin de brouillard. 25 km plus loin, nous voyons le minuscule tronçons de route que nous avons utilisé pour amorcer l'ascension. En regardant ce qui nous avons accompli, nous ne pouvons nous empêcher d'être fiers de nous et, plus que jamais, nous sentons la force de notre volonté!


Récompense après tant d'efforts; nous passons dans un village de 5 maisons qui abritent une tribut de ''Red Dao'', un minorité ethnique spectaculaire du Vietnam! Au lieu de jouer à l'ordinateur et de s'exercer au sling-shot sur les passants, les gens pratiques l'art de la broderie pendant toute leur vie. Les techniques sont transmises de génération en génération. Dans leurs habits qui explosent de couleurs, les femmes sont très jolies. Leur réaction à notre approche nous donne notre petite heure de gloire. Personne ne peut croire que nous sommes montés jusqu'ici avec des bicyclettes aussi lourdes que des motos! Il y a cette façon dont les femmes regardent Geneviève. Deux cultures qui s'entrechoquent. Ils ont entendu parler des peaux blanches des pays lointains, mais en réalité, peu en ont observées. Leur regard sur Geneviève est celui d'un enfant qui visite un zoo pour la première fois. ''Maman, pourquoi l'animal il a de grands yeux?!''. Il y a des signes qui nous disent que nous sommes hors des sentiers battus. Notre guide de voyage déconseille cette région aux touristes, car elle est trop peu invitante et hostile pour les occidentaux.

Nous quittons le petit village logé au sommet des montagnes par un matin ensoleillé. Une légère brise nous donne quelques frissons. La vue est tout simplement magnifique. souvent, je repense à tout le chemin que nous avons parcouru pour arriver ici et le fait d'être au milieu de ces montagnes me semble irréel. Comme Joël me disait avant de partir: ''Petit train va loin...''. Je dirait plutôt: ''Petit train va loin et haut!''. Le paysage dans lequel nous pédalons n'est pas celui typique d'une randonnée de vélo, c'est plutôt le paysage observé lors d'un vol intercontinental!
- Mesdames, messieurs, attachez votre casque et préparez-vous à l'atterrissage!

En moins de quelques épingles abruptes, nous pénétrons dans la couche épaisse de nuages.
-Nous avons perdu l'image mon capitaine!
Le brouillard permet une visibilité d'à peine 5 mètres. La descente qui donne sur une autre vallée sera longue, humide et froide! Dans la descente, nous traversons des villages de minorités ethniques sans jamais les apercevoir. Nous entendons les enfants chanter dans les écoles sans porte et fenêtre. Les échos du village nous permettent d'imaginer l'activité de l'endroit, mais jamais nous ne voyons davantage que les quelques mètres d'asphalte devant nos roues.

Un pont qui traverse une minuscule rivière annonce la fin de la descente et le début d'une nouvelle montagne. C'est lorsque nous sommes de retour au dessus des nuages que nous retirons nos habits d'hiver pour profiter du soleil qui nous réchauffe à nouveau après une longue journée humide. Juchés sur le bord d'un précipice, nous sortons les fruits que nous avons pris en chemin. Le festin au soleil n'a pas de prix! Étendus dans l'herbe au bord du chemin désert, nous étions seuls au monde!

De retour sur la route, nous poursuivons notre ascension pour atteindre la plus hautes passe du Vietnam! Du haut de la ''Tram Ton pass'' nous apercevons les plus hauts sommets d'Indochine, dont le Fanxipan à 3200m. D'un côté de la montagne, une température tropicale nous a fait suer à grosses gouttes et de l'autre, la descente se fait dans des conditions horribles de température! Humidité au maximum, 5 degrés qui gèlent le squelette en profondeur, nous ne pouvons plus parler tellement nous claquons des dents! Nous ne sommes malheureusement pas équipés pour ce genre de conditions. En hypothermie, nous rejoignons Sapa afin de profiter d'un ''repos'' de quelques jours. Sapa!! Avant de partir du Québec, cette destination était un point important dans notre voyage. Nous ne voulions absolument pas manquer cette station dans les montagnes. Des rizières en forme de balcons s'observent à partir d'une vue à 360 degrés. Nous y étions! Après 5500 km, nous avons rejoint le gigantesque marché où toutes les tributs des montagnes se rencontrent pour échanger poules, vaches, chiens, légumes et fruits (ici on mange du chien comme du poulet!). De notre côté, nous cherchons plutôt les manteaux chauds et les mitaines! Si le paysage était prometteur, nous sommes déçus par l'endroit. Une température horrible nous garde congelés chaque journée de notre séjour. Mais nous sommes patients, car nous nous préparons pour l'ascension du Faxipan dans quelques jours!

Même si le plus haut sommet d'Indochine n'est pas si élevé comparativement aux Himalayas qui ne sont pas très loin, il s'agit d'une montagne réputée pour être difficile d'accès. Son ascension en 2 jours est peu technique, mais elle exige une bonne forme physique. Pour s'y rendre nous faisons affaire avec un guide qui dit avoir trouvé une troisième personne pour se joindre à l'expédition. Je ne vous expliquerai pas notre surprise en rencontrant cette troisième personne: Jean-Marc de Montréal! Une drôle de coincidence! Pendant la grimpe, nous avons longuement discuté de la réalité des cyclistes vs backpackers lors des longs voyages. A chaque matin, le backpacker doit se demander dans quelle autobus il devrait sauter pour rejoindre une autre destination vacance. Le pays est vite bouclé et la question qui revient de jour en jour est: Où aller après? En vélo, les déplacements sont tellement lents que la question se pose une fois par 2 semaines! Nous avons toujours un objectif en tête cela nous donne une bonne raison de se lever tôt le matin! Les destinations sont seulement un prétexte pour se motiver, mais en vérité, c'est la route qui nous apporte les vrais moments magiques!

Après plusieurs heures de marche et de discussions intéressantes, nous voici donc sur le toit de l'Indochine!






























4 commentaires:

  1. Wowww, les vues semblent exceptionnelles! Ça devait être tout un feeling... Bravo pour tous les nombreux kilomètres parcourus! LÂchez pas et que la santé sois surtout toujours avec vous! À bientôt :):)

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  2. Je pense que vous allez trouver la côte Gilmor moins grosse à votre retour ...
    Nous , on pensait avoir le bout du monde a la fin de la route de Natasquan , mais vous êtes pas mal plus loin que ca et plus haut que ca .
    Je vous souhaite encore de belles surprises , de beaux défis et de belles rencontres, on vous aime . XX
    Mom et pop

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  3. WOW! Vraiment bonnes ces photos au sommet!
    Bravo pour ces belles montées sur vos vélos superchargés...C'est vrai que vous n'êtes pas gros, vous pouvez vous permettre d'en mettre un peu sur le vélo! LOL
    Soyez prudents, ne prenez pas de risques.

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  4. Humm les montagnes :p Fait longtemps que j'attend ce post-là!

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