mardi 14 avril 2009

Hors Routes

La descente pour quitter Sapa est impressionnante! 35km sans jamais donner un coup de pédale! Nous retrouvons le soleil avec la joie de Robert Gratton qui atterrit à Santa Banana. Crème solaire, lunettes de soleil, Aaaaalouette!

Nous arrivons dans cette ville grise qu'est Lao Cai. Pas même le soleil tropical n'arrive à donner envie d'y rester. L'endroit a le charme d'une cours à scrap. Par contre, nous sommes curieux de voir ce qu'il y a de l'autre côté du pont situé au bout de la ville. De l'autre côté de la rivière, c'est la Chine! Encore mieux, le Yunan! C'était comme goûter au gâteau avant le déssert. Il nous reste plus d'un mois à découvrir le Vietnam, donc pas question de traverser ce pont pour l'instant! De l'autre côté, nous arrivons quand même à déceler les affiches et édifices aux enseignes chinoises. Ce ne sera pas de tout repos à décrypter!

A partir de maintenant, nous longerons la frontière qui sépare le Vietnam de la Chine. Notre trajet est dessiné dans des montagnes qui promettent des paysages spectaculaires. Nous espérons aussi participer à des petits marchés isolés dans les montagnes. La tenue de ces marchés est faite en fonction du calendrier lunaire chinois. Finalement, la suite révélera que nos calculs étaient mauvais, nous tomberons donc sur 2 endroits déserts!


En route, lorsque nous demandons notre direction, nous obtenons souvent la même réponse: un"NO" prononcé comme si c'était le chien qui est en train de mordre le canapé. En vérité, nous avons appris que cela peut avoir trois significations:

1- (La plus probable): "Je ne parle pas Anglais et je n'ai pas envie de me concentrer pour comprendre ce que tu me dis en Vietnamien."
2- (Souvent dans les montagnes): "Vous ne pouvez jamais vous rendre avec des vélos, c'est trop loin, trop haut, trop difficile, trop..."
3- (Grand classique des balades hors routes): "Je ne connais que mon village dans ce pays, alors je n'ai aucune idée de ce qu'il y a 10 km plus loin."
Le même genre de "No" est aussi entendu lors de visites au restaurant. La confusion dans ces cas est encore plus grande. J'y reviendrai dans un prochain message...

Sur une jolie route de campagne, nous sommes émerveillés par les paysages. Au loin devant, nous apercevons les montagnes qui seront les défis des prochains jours. Tout près derrière, un chien me prend en chasse sous les yeux amusés de son propriétaire. Sans même que j'aie le temps de réagir, la bête avait planté ses crocs dans ma sacoche arrière laissant 2 trous bien visibles. Par chance, ce n'était pas mon mollet! La prochaine fois, je me le promets, je décharge mon poivre de cayenne! Un Vietnamien, un chien, n'importe quoi... celui qui nous agressera mangera épicé pour quelques jours!

Malgré l'incident, nous sommes heureux, car le parcours choisi nous permet de faire ce que nous appelons "du cyclotourisme de qualité". Le genre de paysage qu'on pourrait visiter avec un tour guidé qui coûte une petite fortune.


Un peu plus loin, Geneviève glisse et se retrouve à l'horizontal deux fois en moins de cinq minutes. Une vilaine flaque de boue... Les pneus, usés par 5500 km de chemins de qualité très variable, tiennent moins bien la route qu'auparavant. Heureusement, les deux chutes de Geneviève nous ont servi de leçons. Plus question de se laisser aller à 50 km/h dans les descentes. Même si Geneviève s'en sort sans blessure, sa confiance est ébranlée. Pour quelques kilomètres, le focus est plutôt tourné vers le négatif. Geneviève, sans trop le savoir, cumule les expériences de cycliste et elle m'impressionne par sa progression sur deux roues!



Derrière nous, la ville disparaît. Le bruit des motos laisse la place aux bruits de la ferme. Plus de klaxon, nous entendons seulement les cochons et les vaches qui remplissent les chemins de gravier. Là où nous allons, on peut s'y rendre en 4X4 seulement. Je réalise alors que les possibilités de trouver une endroit où dormir sur cette route sont nulles. Il faudra se débrouiller pour dormir ce soir! ...aventures en vue! Hier soir, dans la chambre de notre guesthouse, Geneviève et moi avons inventé un jeu de mémoire où il faut se souvenir des moments marquants notés dans notre journal de bord. Quel plaisir de réaliser qu'après seulement trois mois, nous avons vécu tellement d'aventures! Nous avons bien profité de la vie et des péripéties qu'elle peut offrir!


Après cette nuit passée dans un lit qui est en train de se faire bouffer par les termites (bruit d'enfer!), nous visitons les plus beaux marchés. D'un côté, les femmes vendent des poules et des fruits, tandis que les hommes, plus loin, égorgent les chiens et les cochons entre deux verres d'alcool de riz. L'homme qui s'en retournerait à jeun du marché serait rejeté par sa femme qui croirait que son mari n'a pas d'amis. Vraiment, c'est un monde à l'envers!



Et nous quittons, comme toujours, vers la montée du jour. Servie chaude sur des montagnes de rizières, nous en avons pour notre argent! La route est vivante. Après le marché, c'est le retour des gens vers leur village respectif. Chaque village porte fièrement ses propres couleurs, comme une équipe de hockey. L'atmosphère est à la fête et le quotient intellectuel des gens frôle souvent le négatif. Un vietnamien de grande finesse nous a alors appris une excellente blague que voici: Il suffit de faire semblant de trébucher afin de toucher la poitrine de Geneviève. Dommage que je n'étais pas là pour rire avec eux... Parfois, je me demande quel animal est le plus dangereux pour un cycliste, le chien ou le Vietnamien? Dans ces régions où le savoir-vivre est aussi rare qu'un pot de beurre de peanuts, je suis maintenant sur mes gardes. Je roule désormais près de Geneviève.



En deux grosses semaines de montagnes, nous avons traversé les plus beaux décors de notre vie. A certains endroits, nous avions carrément la sensation de rouler sur la Lune! Un paysage de pierres qui donne un sentiment d'éloignement et de désolation. Nous passons, avec l'envie de s'arrêter à tous les 100 mètres pour prendre une photo. Rien à faire, le paysage est trop grandiose pour entrer sur une 6X8. Regarder un beau paysage est une chose, mais il n'y a rien de tel que d'interagir avec celui-ci. Ces montagnes que nous regardons, nous les montons, nous les touchons. Leur forme détermine nos journées. Après avoir erré lentement sur ces routes, après avoir bu l'eau des rizières, après avoir senti l'odeur de la végétation, les photos ne font plus trop de sens. Traverser ces décors en voiture ou en autobus nous dégoûterait.



Il y a une phrase que Geneviève m'a dite l'autre jour et que j'ai bien aimé:"Le fait qu'on ait pas de maison nous oblige à profiter au maximum de l'extérieur". Certes, ce n'est pas la vie la plus confortable, mais est-ce que le confort mène réellement au bonheur?

3 commentaires:

  1. "est-ce que le confort mène réellement au bonheur?"...
    Je pose la question à mes étudiants dans une éventuelle dissertation et je vous reviens là-dessus!!!
    ;)

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  2. Selon moi...
    Si x = confort et y = bonheur
    et si x1 > x2
    alors y1 n'est pas nécessairement supérieur à y2

    mais si x=0 et que la variable (t) =temps est élevée alors "y" tend ausi vers 0
    C'est mathématique

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  3. OUAIE...y tout un débat là...J'pense à ça pis ch'te reviens ladsus!

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