mercredi 23 février 2011

Fermer la boucle

Nous en étions à nos derniers jours à Fidji. Il nous restait moins de 200km à couvrir pour fermer la boucle, remballer notre équipements et s’envoler vers l’Australie. A l’approche de ce changement, nous étions plus conscients que jamais de notre chance d’être là. A chaque tournant, la route offrait une vue différente sur la mer. Quelques fois, les vagues venaient frapper contre un muret qui nous séparait de l’océan. Nous nous laissions alors arroser par les gouttelettes salées. On ne peut faire du vélo plus près de la mer. Plus près que ça, ça devient du pédalo. 

Sur notre route, nous avons croisé une auberge que plusieurs nous avait recommandée. Sous le nom de Beach House, on y reçoit les voyageurs à petit budget (backpackers) comme si c’étaient des princes arabes. A première vue, l’endroit semblait sympathique. On y sert des déjeunées gratuits à volonté! Wow! Quel bonheur de pouvoir manger des Muslix dans un pays où le beurre d’arachides est rare! Le café importé de la Nouvelle-Zélande nous assurait des matins ensoleillés! Jusqu’à ce que… le confort ne suffise plus pour nous satisfaire. Le problème avec ce genre d’endroit c’est qu’on y rencontre un nombre extraordinaire de voyageurs qui se donne la vie facile en voyageant de nid douillet en nid douillet. Pas d’aventures, pas d’histoires intéressantes. Les discussions tournent autour du prix de leur dernière chambre d’hôtel où du prix de la bière sur les îles. Déçus, nous sommes repartis. Rien appris. Nous n’étions pas de meilleures personnes non plus. Pas une perte de temps… mais presque.

Nous avons quand même fait la rencontre d’un couple Australien intéressant. La jeune fille tentait de rejoindre sa famille à Cairns pendant le terrible ouragan qui frappa la ville. Évacuée quelques heures avant la tornade, il semble que tout se soit bien passé pour eux, mais la voyageuse était visiblement nerveuse. Son copain s’adonnait à une activité peu ordinaire. Il se levait à 4h du matin pour faire la pèche au harpon. Munit d’un harpon et d’une ceinture de plomb, il plongeait à 25m de profondeur en retenant son souffle et en attendant qu’un poisson de taille intéressante se manifeste. Impressionnant. Le dernier barracuda chassé lui avait brisé sa ligne. Trop gros. Trop fort. On retrouva le harpon sur le rivage un jour plus tard égratigné par ce qu’on imagine être des dents de requin. 

Un peu plus loin sur la route nous avons bifurqué vers une baie qui semblait déserte. A l’intersection, on y apercevait seulement une pente abrupte qui se dirigeait vers la mer. Selon ce qu’on en dit, on y retrouve la plus belle plage de l’île principale. Ok. Et les plus grands hôtels de ce monde. Évidemment. La journée s’étirait et nous savions que si nous y descendions, c’était pour y rester. Cette fois je ne le sentais pas. En général, je n’aime pas planter ma tente sur dans le stationnement d’un Hilton. Encore moins sur SA plage privée. Tout à coup, la solution apparue…

Un Indiens dans son taxi s’arrêta tout bonnement et nous invita chez lui pour passer la nuit! Bingo! On ne pouvait espérer mieux. Premièrement, nous avions eu peu d’occasion de côtoyer les Indiens qui vivent à Fidji. Vu de l’extérieur ils paraissent moins accueillants, moins sympathiques que les Fidjiens. Il ne faut pas se fier aux apparences alors sommes allers voir. Deuxièmement, sa maison était située à moins de 1 km de la plage blanche et de l’eau turquoise. Voici donc nos observations : Il est vrai que les Indiens sont moins souriants au premier contact. Par contre, une fois que la glace est brisée, l’hospitalité et la générosité abonde. Nous étions embarrassés de voir la mère du chauffeur de taxi se démener pour nous offrir un repas typique indien. Encore plus gênés de nous étions les deux seules personnes présentes autour de la table. C’est ainsi, les invités mangent en premier et les restes vont à l’homme de la maison. Ensuite, c’est le tour des femmes et des enfants. Ce n’était pas notre première fois, mais nous serons toujours surpris par ces traditions!
 
Nous étions de retour au point de départ. Transformés. Physiquement et mentalement. Nous avions découvert un nouveau peuple et un nouveau territoire. Des gens merveilleux dans une contrée magique. Nous sommes revenus bronzés comme des fermiers, les cheveux longs et la barbe forte. Les surplus de Noël étaient brûlés depuis longtemps. Les machines étaient bien huilées. Nous étions prêts. Prêts pour le prochain grand défi; la traversée de l’Australie!

Nous avions aussi pris le rythme fidjien. Preuve : il nous a fallu 1h30 pour mettre les vélos dans les boîtes lors de notre départ de Montréal. Pour partir de Fidji, cela nous a pris 6 heures. Mission accomplie, la vie avait repris son cours normal. Nous avions désormais le temps de respirer et de vivre! 

Le temps de le dire et nous étions en Australie. Pour le moment, il n’y avait rien à signaler. Sauf peut-être que nous étions anxieux. Anxieux parce que c’était la première fois que nous voyagions à vélo dans un pays industrialisé. Est-ce que nous serions aussi bien reçus ici? Est-ce qu’il serait possible de vivre simplement sans se mettre la corde au cou du côté financier? 


Le premier contact avec les Australien fût lorsque nous passâmes le poste douanier. La dame inspecta nos vélos. Jeta un regard de dédain et nous annonça avec découragement « il va falloir laver toute cette boue! ». Voilà! L’Australie est un pays développé. Ils ont beaucoup à perdre et pas question d’importer quelques bactéries des pays pauvres. Nous comprenions. La douanière fît un nettoyage majestueux de nos vélos, de nos souliers et de nos sacs! Wow! Merci. C’était parfait! J’aurais tout de même aimé qu’elle huile ma chaîne un peu après, mais je n’ai pas osé demander.

Avant de partir, la dame nous demanda quelles étaient nos plans pour rejoindre notre hôtel. Il n’y a pas d’hôtel madame. Et nous voulons sortir de Sydney. N’importe où vers l’Ouest. « Impossible ». Telle fût la réponse. 

1 commentaire:

  1. Tout est toujours impossible...

    Heureux sont les ignorants, car le paradis leur appartient.

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