Je nous revois à l’aéroport de Sydney. Deux jeunes qui vivent dans la rue depuis un mois parmi tous ces hommes d’affaires venu remplir leur portefeuille. Cette fois, il y avait peu de temps pour observer les allées et venues des voyageurs. Nous avions un rendez-vous avec le destin. Nous devions rencontrer une dame inconnue qui s’est offerte pour nous héberger. Elle habitait à 40 km à l’ouest de la ville. Ce n’était rien, ce n’était rien. Il était midi, les deux vélos étaient encore dans les boîtes et nous avions fixé le rendez-vous à 18h. Il fallait faire vite. Nous avons alors établi un nouveau record : 1h30 pour assembler les deux vélos bécanes. Pas de stress nous étions désormais des pros.
La dame des douanes nous avait bien avertis : traverser Sydney à vélo ne nous mènerait nulle part sauf peut-être à la morgue. Nous nous sommes dit que ses conseils ne valaient rien de bon et nous sommes partis comme des voleurs. Peut-être que la capitale n’adhère pas à la culture du vélo, mais nous nous battrons toujours pour notre cause. Que les machines aillent se faire voir, nous nous dirigions vers le highway.
À 17h50 nous avons rejoint la destination. Vivants. Sydney rejoint donc Bangkok, Hanoi, Kunming, Shanghai, Hong Kong et Montréal pour ce qui est des grandes villes que nous avons traversées à vélo. Le cyclotourisme dans une telle densité urbaine ne se fait pas dans le bonheur et l’aisance. On se retrouve coincés entre des chauffards sans respect, entre des animaux motorisés pressés d’aller nulle part. L’Australie ne fait pas d’exception à la règle. Ici aussi, on exprime sa testostérone à grands coups de bottine au plancher d’une berline modifiée pour être plus bruyante. Certains appellent cela le monde civilisé. Que jamais on ne nous fasse visiter la jungle.
Voilà, Ann a compris que la vie n’était pas faite pour être vécu seule. Elle a compris que la présence de gens motivés autour d’elle la conserverait jeune à jamais. Cela semblait fonctionner à merveille je vous l’assure. Après une soirée de théâtre où elle assurait le service au bar, nous nous sommes tous dirigés au centre-ville pour y passer la nuit. A 3h du matin, Ann était la seule toujours aussi déchaînée sur la piste de danse! Chaque instant passé avec Ann était très intense. Elle nous répétait sans cesse que la vie devait être vécue comme si c’était notre dernière journée sur cette terre. Merci Ann pour tous ces beaux moments. Merci à Brandon, son fils pour les bières et les bonnes discussions sur la musique, sa vraie raison de vivre.
Sur la fiche de Couch Surfing d’Ann, elle expliquait qu’elle désirait recevoir des voyageurs pour une période de 3 jours maximum. Nous sommes donc restés chez elle 3 jours en tant que Couch Surfers et 4 jours supplémentaires en tant qu’amis. C’était fait, nous avions de nouveaux amis en Australie!
Nous avons aussi fait la rencontre de Pascal, un ancien coéquipier de bateau-dragon à Geneviève. Déménagé à Sydney avec sa copine depuis 3 mois, il nous raconta comment la chasse au travail est difficile ici. Son moral était à plat. Pour le moment, nous étions que des touristes de passage, mais nous nous retrouverons rapidement dans la même situation. Une fois la traversée du pays complétée, il faudra s’y mettre nous aussi. La tâche semble ingrate, pesante. On ne se laissa pas abattre, nous nous battrons avec détermination lorsque le temps sera venu. Pascal, je suis content de vous avoir rencontrés toi et ta charmante copine et je vous souhaite vraiment tout ce que vous méritez!
Parmi les inévitables aventures de Geneviève et Pierre dans la ville il y a :
- Cette marche de 7 km au milieu de la nuit dans un quartier résidentiel de l’ouest de la ville. Le réseau de transport était terminé et c’était la seule façon de rejoindre notre lit. Nous avons dû combattre chauve-souris géantes et vilaines araignées pour survivre. Cela tire du miracle que nous aillions retrouvé notre chemin dans ces rues mal éclairées et entretenues!
Lors de notre passage au Vietnam en 2009, nous avons fait la connaissance de James et Cecilia, deux amoureux de la nature. Nous nous étions alors égarés avec eux dans un magnifique parc national (http://velopacifique.blogspot.com/2009/05/mi-temps.html). Voilà que les deux sont désormais mariés et qu’ils vivent en banlieue de Sydney. Nous avons donc arrangé une petite visite surprise! Nous avions manqué leur mariage en Suède, mais cette fois nous serions au rendez-vous! C’est hallucinant de réaliser que peu importe où on se trouve sur cette planète, il y a souvent des amis qui habitent pas très loin! Lorsque nous sommes sur la route, chaque jour est une nouvelle occasion de rencontrer des gens. Le cercle d’amis est de plus en plus diversifié et étendu.
James et Cecilia nous attendaient sur le quai de Thirroul, une petite station au bord de la mer. L’air zen, ils nous embrassèrent et nous conduisirent chez les parents de James au sommet d’une colline qui offre une vue magnifique sur l’océan pacifique. Nous avons mangé de la bonne cuisine indienne. Nous avons marché dans la jungle, jusqu’à ce que les sangsues nous montent jusqu’aux genoux. Nous avons bu et ri. Nous avons visité les plages de surf où les enfants de 10 ans nous en mettaient plein la vue. Nous nous sommes remémorés les bons moments passés en Asie. Il me semblait que les deux avaient changé. Leur passage en Mongolie semblait avoir transformé leur vie. Ils étaient devenus adeptes de la méditation, du yoga et du transfert d’énergie en utilisant le Crystal comme élément de transdescendance. Ils semblaient être sur la bonne voie pour vivre une bonne vie au bord de la mer. Il était bon de retrouver nos amis. Le week-end passa vite et nous étions de retour dans la capitale.
Le 16 février 2010, notre maison était chargée sur nos 4 roues. Il était temps de partir. La route sera longue pour traverser l’Australie, mais je sais que nous y arriverons. Un coup de pédale à la fois…
Un petit sourire à Geneviève alors que nous quittions la rue où Ann habite. Ça fait toujours bizarre de partir pour une randonnée de vélo de 4000 km.