mardi 20 mai 2008

8800

C’est le nombre de coups de pédales qu’il me faut faire chaque jour de la semaine pour aller me reposer au bureau et revenir me reposer dans mon modeste appartement de la rue St-Jean.

Depuis environ 1 mois je dois travailler avec des logiciels top-secrets au travail. Des applications qui vont accomplir de nobles tâches : gérer des situations de guerres, mieux régenter les acrobates de la violence et conduire des affrontements oiseux avec des pays qui refusent de partager leur pétrole sacré. Qu’est-ce que je fais ici ? Aucune idée. Mais il faut que je sois ici.

J’ai des amis adeptes de tout-inclus dans l’sud. Il semble que la devise en ces cas-là est « Ce qui s’passe dans l’sud reste dans l’sud. Ok l’gros? ». Dans notre équipe de travail c’est plutôt : « L’information classifiée maintenue par la base militaire ne dois pas être reçue en dehors des infrastructures de Valcartier. CHEF, OUI CHEF! » Alors voila, je me retrouve donc à l’intérieur des bunkers de la base militaire afin d’y exercer mon travail. Et surtout ne pas oublier : mon travail est important pour ma nation! L’air bête du commissaire à la guérite me le rappel à chaque matin. D’ailleurs, on le surnomme monsieur sourire :)

Faisant appel à mon positivisme, il fallait tirer un avantage de cette situation très absurde. Je vais franchir les 27.5 km qui sépare la rue St-Jean de la base militaire à vélo!! Pas de bouchon de circulation. Pas d’histoires insignifiantes sur le FM. Pas de klaxon, ni de frustration. Les moments à mettre du gaz dans mon char sans trop me demander si le 70$ dépensé en vaut vraiment le coup ne me manqueront pas. C’est la fin d’une époque et je l’annonce fièrement en posant le drapeau de la victoire sur mon bazou : À vendre. 934-7300.

6h30, réveil…..6h45 réveil (2e prise)…. 7h me voici en train de pédaler vers Valcartier en empruntant le corridor des chemineaux. A mon sens, cette piste cyclable a été nommée en l’honneur du café-Brandy du même nom. Y pédaler vous procure un high considérable, mais vous assure aussi de réveils plus difficiles!

Entre 7:30 et 7:45 je croise alors mon premier chum de bike. Un motivé que je reconnais par son casque de couleur rouge. Il me fixe d’un regard insistant et lorsqu’enfin, je me m’aperçois que c’est lui, il me signe de la tête. Ce moment est très risqué, car son mouvement de cou lui ramène le casque dans les yeux et il perd vraisemblablement la vision pendant quelque secondes. Il faut rouler bien à droite quand on le croise!

Ensuite, suit le reste de ma gang. Ils sont 3. Le premier porte une barbe blanche de 8 pouces et pédale sans jamais toucher le guidon. Une activité qui l’empêche de me saluer. Ou peut-être qu’il me trouve trop junior avec ma petite barbe dégarnie pour que la fraternité s’installe entre nous. Comme mes amis Français le disent si bien « Je me prends un vent » à chaque fois que je le salue.

Je me console toutefois en saluant la prochaine complice : une femme dans la jeune trentaine qui a suffisamment de beauté pour se faire remarquer. Lorsqu’on fait partie de cette espèce, le port du casque est prohibé. Premièrement, cela pourrait détruire la mise en plie acquise chez le coiffeur et deuxièmement, ce n’est pas à la mode cette année.

Quelques coups de pédale plus loin je croise monsieur sécurité en personne. Déguisé en signaleur routier, il est visible 5 km à l’avance. Son salue ressemble à un signal pour tourner à droite. Je l’imite en signalant à droite moi aussi: un ami de plus!

8:15 j’ai traversé tout Val-Bélair sur mon rutilant Specialized. Le nombre d’arbres au kilomètre carré augmente… la distance qui me sépare de mon travail diminue.

- Bonjour monsieur sourire!

Par chance je ne pense pas tout haut!

2 commentaires:

  1. Yo Pete,

    Je sais que tu es profondémente contre la guerre, et que ton emploi te tiraille dans tes valeurs.

    Cependant, tu peux essayer de te consoler en disant qu'au moins tu peux te dire que ton travail aidera surement à sauver des vies canadiennes.

    Les objectifs primaires de la guerre, comme celle en Afghanistan, sont plutôt nobles : donner la démocratie à un peuple, construire des écoles, l'émancipation des femmes etc. Le seul problème, c'est la soif de pouvoir (lire pétrole) qui vient biaiser les données.

    Dommage...

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  2. Yaisseur ti-Yves,

    Ouais, je suis aussi d'accord avec les bases de la mission en Afghanistan.

    Mais tu ne trouves pas que c'est de la poudre aux yeux?

    Par exemple, je me demande bien ce que tu penserais si j'allais t'aider a déménager dans le but de te voler. Mon objectif visible est louable, mais ce qui se cache derrière l'est moins!

    J'ai l'impression que le Canada veut aider a déménager seulement les pays qui ont des beaux meubles .

    Inquiete-toi pas je serai pas la pour te voler :) héhé

    Merci d'avoir écris!

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