mardi 4 août 2009

Express pour Shanghai

Je ne me souviens plus trop de la raison pour laquelle nous nous sommes engagés dans une telle aventure. Je ne sais pourquoi une telle bravade nous a intéressés. Cependant, lorsque la famille de Geneviève nous annonça quelle souhaitait venir nous visiter à Shanghai, nous avons dessiné un itinéraire de 3500km qui nous mènerait à leur rencontre dans l’Est de le Chine. Disposant de 40 jours pour traverser un pays montagneux qui s’étend sur des milliers de kilomètres, nous étions visiblement devant un défi de taille. C’est probablement pour cela que l’idée nous charmait.

Cette course folle vers la Chine urbaine était destinée à nous faire traverser 5 provinces. . Ainsi, chaque province offre un spectacle bien différent de leurs voisins, chaque canton parle son propre langage, chaque contrée sert sa propre (pas toujours propre !) nourriture locale. Un périple, où nous avons salué rapidement une diversité culturelle fantastique. Il aurait fallu y passer des années pour bien comprendre la vie qui s’agitait autour de nous. Pourquoi tant de pauvreté ? Pourquoi tant de richesse ? Pourquoi ces Chinois, tels de bons païens, nous reçoivent avec tant de gentillesse et obligeance ? Nous pédalions trop vite pour saisir le sens de ces circonstances. Tant de territoire à relier sur nos vélos… trop peu de jours nous avions pour vagabonder dans les campagnes. Allons-y ! Voici donc un résumé de cette épreuve fort déraisonnable, mais remplie de péripéties. Une étape qui nous taxa une quantité colossale d’énergie !

Yunnan

Le 26 Juin, nous étions en train d’attacher les bagages sur les vélos après plus d’un mois d’inactivité. Il n’était pas tellement tôt, mais les festivités de la soirée précédente nous laissèrent un poids sur le cerveau. Comme à chaque fois, il nous était impossible de prendre la route en bonne condition physique. Il fallait absolument se donner une gueule de bois avant de quitter… cela était o-bli-ga-toire.

Sensation étrange que de piloter nos bécanes chargées après tout ce temps. Nous nous sentions comme deux cavaliers qui retrouvaient leur monture ! Derniers regards sur Kunming, ville que nous avons aimée et, en peu de temps, celle-ci disparue derrière nous. Maintenant armés d’une connaissance approximative du Mandarin et d’une volonté de se rapprocher de la population, nous étions en route vers de nouveaux récits.

Les premières journées furent difficiles. Une accablante déception s’empara de Geneviève. La forme physique n’était plus... Du moins, elle n’était plus se qu’elle était. Chaque ascension lui brisait le moral. Souvent, les larmes de ses yeux se joignaient à la sueur de son front pour mouiller sa figure attristée. C’est que le Yunnan est une des provinces les plus montagneuses de la Chine. L’effort nécessaire pour franchir les sommets, accompagné des multiples souffrances qui surviennent lorsqu’on passe trop de temps sur un vélo affligeaient Geneviève de tout son être.

Au même moment, nous vivions la vie la plus inconfortable qui puisse être. Pendant 10 jours, nous avons roulé sur des routes perdues sans refuges. Nous avons affronté une météo qui oscillait entre déluges et légères averses sans jamais permettre au soleil de nous réchauffer. La tête callée entre les épaules comme un chien qui reçoit une correction de son maître, nous avons traversé les plateaux élevés en essayant d’oublier l’eau qui transperce nos manteaux et nos bagages. 10 jours d’intempéries… trempes en lavette !

Devant notre condition, l’altruisme des gens était à son maximum. Jamais auparavant nous avions assisté à une telle démonstration de générosité. Je me souviens de cet homme qui nous invita à nous recueillir dans sa misérable demeure située au milieu des terres les plus éloignés dans les montagnes. Il nous offrit le peu qu’il posséda avec la plus grande des fiertés. Deux lits qu’il désigna pour être les nôtres. De peur de décevoir, nous acceptions l’offre. Ce soir-là, lui et sa femme dormirent sur le fauteuil déchiré de leur salon. A l’aube, l’image des deux Chinois somnolant nous toucha beaucoup. Il était clair que dans leur position, ils avaient dû lutter pour trouver le sommeil. Il n’y avait pas de merci assez puissant qui pouvait exprimer notre reconnaissance et pas d’excuse assez cohérente pour formuler notre embarras. Nous sommes repartis sous la pluie avec un sentiment étrange. Est-ce que ces gens seraient aussi bien reçus dans notre pays dont on parle avec tant de bien ? Nous préférons ne pas répondre à la question…

Pendant 10 jours, nous avons aperçu que de rares villages. Nous avons vécu dans la nature parmi les fermiers et les campagnards. Notre éloignement de la ville s’est aussi fait sentir dans notre carnet de dépenses. Après 10 jours de vélos, nous avions chacun vécu sur un budget de 2,5$ par jour! Pas que nous avons été économes, mais il y avait eu peu d’occasion jusque là de sortir notre porte-monnaie.

Nous sommes ensuite arrivés à Nanning avec des vélos qui se plaignent de tous les bruits et des bagages qui sentent les égouts.

- Je crois qu’on mérite un repos Geneviève…
- Tu connais une plage au soleil près d’ici ?
- Oui… dans 3000km seulement !

Guanxi
A suivre...

4 commentaires:

  1. houla!
    toujours aussi intenses mes amis!
    Je suis présentement sur la route de la gaspésie... je pense beaucoup à vous et je me dis souvent que vous êtes courageux de vous être lancés dans une aussi longue avanture!
    lâchez pas!
    jp

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  2. Personnellement je n'aurais pas la force .....et le pire doit être de ne jamais rencontrer de Tim Horton ;)
    POP

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  3. salut les athlètes,
    je vous lève mon chapeau. Geneviève tu es un modèle d'endurence. Pierre, tu es mon "Rocky".
    J'ai pensé à vous l'autre jour quand j'ai fait le BRA (Brevet des Randonneurs de Alpes), 225km et 4600m de dénivelé. Départ à 4h00 et arrivée à 17h30...
    Vous êtes pas mal bon d'enfiler tous ces km dans des conditions difficiles!!!
    MONONK Denis

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  4. Moi je pense a vous autres tout le temps pendant que je vagabonde entre les routes et les montagnes de l'Ouest canadien!!!

    Ici aussi la generosite est a son maximum, je peux en temoigner. J'ai pas paye un seul dodo depuis 20 jours :p

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