vendredi 29 juillet 2011

Pickups, moustaches et fusils de chasses

Le touriste enthousiaste qui se rend à Kalgoorlie est confronté à un éventail d’attraction assez limité. La petite ville perdue au milieu du désert propose tout de même deux importants attraits : des serveuses topless et une mine à ciel ouvert. Les gros camions ou les grosses poitrines. Certes, un choix déchirant, mais Geneviève trancha rapidement: nous sommes allés voir les gros camions.
 
Le village est essentiellement un camp de base pour une dizaine de mines d’or disposés dans un cercle de 5 km. Ici, les maisons ne sont pas décorées. Il n’y a pas de fleur dans les jardins et la pelouse est aussi rare que la neige. Les gens ne vivent pas ici par plaisir. Ils y viennent pour se remplir les poches de bidous. Cela me rappelait un peu Ste-Foy; on y vit parce qu’on est obligé, pas parce qu’on en a envi…


Question de se débloquer l’ennuie, nous avons accepté l’invitation de jeunes Australiens en mal de boisson à l’occasion de leur pendaison de crémaillère. Une soirée noble où la classe, la finesse et la distinction étaient mises à l’avant plan. Pendant que deux jeunes femmes presque nues se chamaillaient dans un coin pour un verre de vin, les hommes s’adonnaient à la conduite en état d’ébriété dans une zone résidentielle du village. Il y a de ces moments où la bêtise humaine est trop grosse, trop épaisse. On aimerait bien pouvoir y faire quelque chose, mais mon allure de Jésus-Christ ne suffisait pas pour rendre mes conseils pertinents à leurs oreilles.  Un peu déçus de cet univers de moteurs, moustaches et fusils de chasse, nous étions certains qu’il y avait mieux à voir.

Comme d’habitude, il suffisait de chercher un peu loin pour découvrir un peu de vrai dans ce monde de mensonge et de dénis. Derrière cette affiche « défense de passer » se cachait un terrain de jeux pour adulte : Une mine désaffectée. C’est bien connu, les adultes n’ont plus le droit de s’amuser dans cette société moderne. On va à la mine pour travailler, pas pour se dérider. Accompagnés de trois complices Australiens nous avons laissé  tomber les règles, les scrupules et les vêtements. Nous avons plongé tout droit dans cette piscine interdite. Le feeling était bon, nous avons donc décidé d’y passer la journée…
 
Cela faisait presque un mois que nous n’avions pas fait de cyclotourismes sérieux. Les pédales nous démangeaient. Les fesses nous ramollissaient. Il était temps de tourner les jambes un peu. Notre prochaine destination était Espérance, le village portuaire où nous pourrions nous installer pour quelques mois si l’association de physiothérapie se décidait à donner le permis de travailler à Geneviève. Nous étions particulièrement excités de visiter ce village qui serait possiblement notre pied-à-terre pour quelques temps. Mais attention, nous étions loin d’être rendus. Il y avait 500 km de désert à traverser pour s’y rendre. Pas de ravitaillement. Pas de douche. La route sera longue… comme on l’aime!
 
Nous avons chargé une quantité phénoménale de nourriture et avons fait quelques réparations sur les vélos qui commençaient déjà à se plaindre. Nous étions de retour sur la route, en direction de l’océan indien. Plus de 4 000 km au compteur et de nouvelles aventures qui commencent!

Pénible réalité, le désert est un environnement hostile pour tout être vivant. Les mouches noires semblent aussi vivre dans la misère au milieu de cet étendu ultra sec. A notre passage ces gentilles bestioles y voient une opportunité de venir cueillir de la protéine à même notre sueur. Après quelques kilomètres seulement, près d’un demi-millier d’insectes sont à nos trousses. Il n’y a qu.une solution : rouler avec un filet sur la tête!